Le quatrième roman de Didier Leclair «jette une lumière révélatrice sur le Nord canadien, une lumière aux teintes boréales et aux reflets profondément humains». L’action se passe au nord du soixantième parallèle, à Misty River dans les Territoires du Nord-Ouest. Le roman s’intitule justement Le soixantième parallèle.
Le protagoniste et narrateur est Mark Finlay, agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Ce Noir de Scarborough fait équipe avec un mennonite de Calgary et mène une enquête impliquant des trafiquants de drogue. Il découvre la misère qui afflige les populations autochtones, la solidarité qui règne entre collègues de la GRC et le fait qu’«il y a dans chaque part de nous des ombres si opaques qu’il faut y plonger pour en découvrir l’éloquence et la profondeur».
Pour l’auteur, ce qui se situe au nord du 60e parallèle demeure «un autre Canada. Les problèmes sociaux n’ont rien de prioritaire. Par contre tout se déroule rapidement quand il s’agit d’ouvrir de nouvelles mines. […] Les politiciens sont des affairistes et personne ne trouve cela anormal. […] Pour dénoncer des vendeurs de drogue, il faut une détermination hors du commun, car il y une culture du silence. Tout le monde se tait à cause des liens de parenté, ou par peur de représailles.»
Le soixantième parallèle est un récit souvent léger, parfois rieur. Des données historiques ou sociologiques sont adroitement glissées tant dans les dialogues que dans la narration. On apprend, par exemple, qu’il y a environ sept pour cent de minorités visibles dans la GRC, que le taux de criminalité des Territoires du Nord-Ouest est six fois celui de la moyenne nationale et que l’Annexe 1 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances traite des opiacés, de l’opium, de l’héroïne, de la cocaïne et de la méthamphétamine.
Les policiers mènent des enquêtes et procèdent à des interrogatoires. Pour l’agent Mark Finlay, «un bon interrogatoire équivaut à de la tauromachie. Il faut laisser le suspect charger et tenter de pourfendre l’étoffe rouge du toréador sans être perforé par ses cornes.» Une fois l’interrogatoire terminé, l’agent peut sentir le besoin de prendre une douche, car il a la sensation de s’être sali en fouillant «dans les immondices de la pensée d’un criminel».