Si l’endroit où les visiteurs étrangers établissent un premier contact avec un nouveau pays peut être une vitrine de ce pays et de ce qu’il a de mieux à offrir, parions que les bâtisseurs de la nouvelle aérogare de Toronto ont jugé que le volet du patrimoine canadien qui met le mieux le pays en valeur est la vaste étendue de ses espaces.
Mieux encore que le gigantisme de cette construction dont on nous répète souvent qu’elle fait partie du plus grand chantier de l’heure en Amérique du Nord, c’est l’ampleur des espaces qui caractérise cette aérogare inaugurée en 2004. En janvier, le quai F ouvrira ses portes aux vols internationaux. Les voyageurs seront accueillis dans des espaces conçus non seulement pour répondre à un achalandage sans cesse croissant, mais pour créer une ambiance qui procure un sentiment de liberté et d’évasion sereine autant à ceux que le long voyage a épuisés qu’à ceux que le départ rend appréhensifs.
Confrontée à la croissance phénoménale des besoins, l’ingénieuse aérogare inaugurée en 1964 fut vite dépassée. Elle innovait bien avec son stationnement étagé qui établissait une liaison immédiate entre le transport routier et le transport aérien, mais son plan circulaire gênait sa capacité d’accueillir des voyageurs toujours plus nombreux transportés par des avions géants qui firent vite leur apparition.
Néanmoins, il était probablement prématuré de démolir une des œuvres les plus marquantes du mouvement moderne au Canada. Ne pouvait-elle pas être adaptée à des besoins spécifiques, comme on a fait dans d’autres aéroports, ou devenir un satellite d’une nouvelle aérogare? Dans les grands aéroports américains, on trouve toujours de petites aérogares qui ont été construites par les compagnies aériennes pour répondre à leurs propres besoins.
Personne, par contre, ne déplorera la disparition de l’aérogare 2 qui fermera ses portes le 30 janvier, même si son plan linéaire se prêtait bien à une expansion. Le concept est encore couramment retenu. Autant l’aérogare 3, inaugurée en 1991, que la nouvelle aérogare dérivent en partie de ce modèle ainsi que de l’aérogare de 1964.