Poète, nouvelliste et musicien, Danny Émond détient une maîtrise en littérature, réalisée sous la direction de l’écrivain Neil Bissoondath. Il vient de publier son premier livre, un recueil de nouvelles intitulé Le repaire des solitudes. Je vous recommande de le lire car «ça coûte moins cher qu’un psy».
Plusieurs nouvelles traitent d’un monde disjoint, discordant. Ainsi, dans Le repaire des solitudes, on met un point d’honneur à savourer l’instant présent. «Mais dans les faits, la seule force qui nous anime, c’est la force d’inertie.» Le futur devient dès lors «ce grand trou noir qui avale tout».
Dans Miss Balcon, après avoir baisé avec une femme de nuit, le personnage part, «prétextant n’importe quoi». La femme ne cherche pas à le retenir, car «la vie n’est qu’une série de départs. N’est-ce pas?»
J’aime les nouvelles très courtes. Dans celle intitulée Forceps, il est question d’un enfant né en 1945. La Seconde Guerre mondiale vient de terminer, mais il commence la sienne «avant même d’avoir vu le jour» puisque la morsure des forceps l’entraîne de force vers l’extérieur.
Je soupçonne que, très tôt dans la vie, Danny Émond a «surpris le réel en flagrant délit d’insignifiance». Il aime raconter l’histoire des gens qui s’accrochent à ce qu’ils peuvent, dans la vie, surtout quand ils n’ont rien. À titre d’exemple, il se laisse séduire par une femme aux «yeux douloureusement beaux de tristesse, de dégoût, de désespoir».