Féminisation des titres, rédaction épicène, formulation neutre, grammaire non sexiste, écriture inclusive: ces différents courants, tendances ou propositions d’écriture ou de discours verbal visent à réduire ou éliminer de la langue française la discrimination des femmes et des personnes qui se sentent «non binaires», en particulier dans les documents ou les déclarations publiques.
«Madame la ministre»
La féminisation des titres fait partie de ces mouvements linguistiques. Dans la Francophonie, le Québec a été un précurseur dans ce domaine, notamment avec la «féminosophe» Françoise Marois qui, il y a une quarantaine d’années, faisait figure de Don Quichotte dans ce domaine.
C’est en 1977 que l’Office québécois de la langue française (OQLF) a produit un avis en ce sens. On a alors confié la tâche à une jeune terminologue, qui n’était nulle autre que Marie-Éva de Villers, linguiste et lexicographe bien connue, auteure du Multidictionnaire de la langue française.
Elle raconte que la question de la féminisation s’est posée lorsque le Parti québécois est arrivé au pouvoir, en 1976. Plusieurs femmes avaient été élues et nommées au Cabinet, dont une certaine Lise Payette qui voulait se faire appeler «madame la ministre».
«L’Assemblée nationale avait demandé un avis officiel à l’Office québécois de la langue française à savoir si c’était possible de le faire, explique Mme de Villers. Il y avait aussi des femmes qui avaient été élues députées et qui voulaient se faire nommer “députées” (et non “députés”)».