Un couple qui sait compter l’un sur l’autre

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Katherine Girard, Helena, tome 2, Les bonheurs vacillants, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2025, 366 pages, 27,95 $.
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Publié 01/11/2025 par Paul-François Sylvestre

Helena est de retour. Dans son tome 2 intitulé Les bonheurs vacillants, Katherine Girard campe de nouveau cette femme volontaire, intelligente et entêtée. Le projecteur est autant braqué sur François, un mari également volontaire, intelligent et entêté.

Bien que l’époux d’Helena fût l’arrière-grand-père de l’auteure, «il faut considérer cette histoire comme un roman, non comme une biographie», écrit Katherine Girard dans une Note aux lecteurs et lectrices, «et ne pas ne pas me tenir rigueur des possibles dérives de mon imagination.»

Au Lac-Saint-Jean

L’action se déroule principalement à Héberville-Station, au Lac-Saint-Jean, entre 1924 et 1942. Helena, très jeune veuve et mère d’un fils, a épousé François Bouchard, celui qui a été le premier à faire battre son cœur à tout rompre. Il lui donnera une bonne douzaine d’enfants en vingt-cinq ans.

Autant elle exprime facilement son amour pour son mari, autant il ne lui est pas facile d’agir ainsi envers ses enfants. «Avouer qu’on aimait, c’était courir le risque de voir le vent tourner… Mieux valait garder profile bas […] et prier en secret pour que tout le monde reste en santé et trouve son petit bonheur.»

Dès le premier chapitre, la romancière décrit comment les habitants d’Hébertville-Station réagissent au tremblement de terre survenu le 28 février 1925, un des plus forts séismes du XXe siècle au Canada (magnitude 6,2), dont l’épicentre était situé à l’embouchure du Saguenay.

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Escapade à Montréal

Une des rares scènes à ne pas se dérouler au Lac-Saint-Jean est un voyage du couple à Montréal le 24 juin 1926. Outre le défilé de la Saint-Jean, on assiste au dévoilement du monument destiné à honorer la mémoire des Patriotes, œuvre sculptée par l’artiste Alfred Laliberté.

Comme dans le premier tome, le curé clame haut et fort que l’union charnelle ne doit servir qu’à la procréation, et que le seul rôle de la femme est d’élever une famille nombreuse (entendez un enfant à tous les deux ans).

Or, pour Helena et François, la fusion de leurs corps fait monter le plaisir «à mesure que leurs mouvements devenaient frénétiques, puis vint l’apogée, le désir explosé, la jouissance ultime». Le plaisir de la chair est loin d’être un péché pour eux.

14 accouchements

Avant de devenir cinquantenaire, Helena accouchera 14 fois (elle en perd quelques-uns). Sa vie se résume à langer, cuisiner, nourrir, nettoyer, filer, tricoter, repriser, nettoyer et jardiner. Autant de verbes engageants qui entravent sa démarche vers la liberté.

La romancière décrit comment les habitants survivent coûte que coûte à la Dépression. «Désormais, on effectuait du troc, échangeant les œufs contre la farine, et le lait frais contre la laine; on se prêtait des outils, on échangeait des services: l’argent n’avait presque plus de valeur.»

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Le roman nous apprend que, à Montréal, 250 000 personnes vivent alors des secours directs (soupe populaire, bons alimentaires). À la grandeur du Québec, le taux de chômage est de trente pour cent. À la campagne, «au moins, on a nos champs et nos animaux».

Intuition féminine

Helena se targue d’avoir une intuition féminine spéciale, ce qui agace son mari qui la traite de sorcière. Il trouve que son épouse est trop préoccupée par des fantômes secrets et par des angoisses connues d’elle seule.

N’empêche qu’Helena a le pressentiment d’un incendie. Quelques jours plus tard, le feu détruit trente-cinq bâtisses, jetant une vingtaine de familles à la rue. Comme on peut s’y attendre, dans ce village, «les gens s’entraidaient. Ils étaient tissés bien serré.»

Bon an mal an, le lien entre François et Helena demeure fort. Même s’ils ne sont pas toujours au diapason, ils savent se retrouver et compter l’un sur l’autre. On n’a pas fini d’entendre parler d’Helena puisqu’un troisième et dernier tome est en préparation.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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