Un carbone issu de végétaux plutôt que de pétrole

Atul Bali montrant du noir de carbone.
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Publié 04/10/2016 par Lilian Schaer (AgInnovation Ontario)

Le plastique noir doit sa couleur au «noir de carbone», un coproduit du raffinage des huiles qui est à la fois non renouvelable et considéré comme potentiellement cancérogène.

Il n’existait aucun produit de substitution jusqu’à l’arrivée récente de BIOBLAKR, un biocarbone conçu par l’entreprise Competitive Green Technologies à l’aide d’une technologie en instance de brevet mise au point au Bioproducts Discovery and Development Centre de l’Université de Guelph.

«À partir de matières premières comme des cultures de biomasse telles que le panic raide et le miscanthus commun, des coproduits de la transformation des aliments et des résidus agricoles peu valorisés, comme les cosses de soja et les écorces de riz, nous avons commercialisé ce nouveau carbone d’origine entièrement biologique», explique Atul Bali, directeur général de Competitive Green Technologies.

BIOBLAKR est constitué à 99% de «nouveau» carbone organique homologué par le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), qui est un carbone dérivé de végétaux et d’autres matières agricoles, marines et forestières renouvelables. Par opposition, le «vieux» carbone organique est issu du pétrole.

Le biocarbone est abondamment utilisé comme charge et agent de renforcement dans la fabrication de pièces d’automobiles, à la fois légères et ultrarigides. Il s’agit de caractéristiques cruciales pour les constructeurs automobiles, qui doivent s’efforcer d’abaisser la consommation moyenne de carburant à 4,32 litres aux 100 kilomètres d’ici 2025, objectif fixé par le Centre for Automotive Fuel Economy des États-Unis. À l’heure actuelle, le véhicule le plus éconergétique consomme 6,44 litres aux 100 kilomètres.

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«Une façon de satisfaire à la norme d’économie de carburant est de réduire le poids des voitures. Le biocarbone est une charge prometteuse qui permettrait aux polymères de base d’acquérir à la fois la résistance aux impacts et la souplesse nécessaires pour assurer la sécurité, tout en réduisant le poids du matériel», explique Mike Tiessen, président de Competitive Green Technologies.

Mike-Tiessen
Mike-Tiessen

Pour qu’un nouveau produit connaisse du succès, il doit être aussi, sinon plus efficace que le produit qu’il doit remplacer, avoir un prix comparable ou moins élevé, et être compatible avec les processus existants. L’entreprise s’est associée avec des constructeurs automobiles de premier plan pour commercialiser des pièces contenant du biocarbone.

BIOBLARK peut aussi être utilisé dans l’industrie de l’alimentation et en agriculture.

Competitive Green Technologies collabore avec une entreprise de Brampton à la mise au point d’un agitateur noir contenant du BIOBLAKR, et s’apprête aussi à lancer un film plastique noir à usage agricole à base de biocarbone, qui se décompose en élément nutritif du sol non toxique lorsqu’il est composté.

Les producteurs de légumes utilisent souvent des feuilles de polyéthylène noir pour protéger leurs semis contre les rayons UV. M. Tiessen, qui est aussi producteur de tomates, a d’abord utilisé le miscanthus commun comme source d’énergie pour chauffer ses serres, mais il a trouvé de nouvelles façons de tirer profit de cette culture énergétique.

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«L’utilisation du miscanthus pour le chauffage rapporte dans les 50 $ la tonne, tandis que son utilisation comme charge de polymère peut rapporter de 150 à 200 $ la tonne, et son utilisation comme pigment pour le biocarbone peut rapporter 300 $ la tonne», explique-t-il.

Il espère commencer à inviter d’autres agriculteurs à produire cette culture pour Competitive Green Technologies à mesure que la demande pour ses produits augmentera. Le miscanthus peut se cultiver dans des régions nordiques comme North Bay, ainsi que sur des terres marginales.

«Il faut trois livres de matière première pour produire une livre de BIOBLAKR, alors les retombées pour les producteurs peuvent être substantielles immédiatement, dit-il. L’Amérique du Nord a utilisé 11,6 millions de tonnes de noir de carbone l’an dernier, donc le potentiel de marché est considérable.»

Un champ de miscanthus.
Un champ de miscanthus.

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