Trois anniversaires

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Publié 11/12/2007 par Gabriel Racle

Cette année 2007 donne à plusieurs pays l’occasion de célébrer l’anniversaire de compositeurs qui ont marqué de leurs œuvres leur époque et leur pays. Mais comme la musique est un art intemporel, elle traverse le temps et les frontières pour nous rejoindre. Et c’est pour nous l’occasion de tourner les pages de quelques partitions, pour en retrouver des accents toujours actuels.

2007 marque le tricentenaire de la mort de Dietrich Buxtehude (1637-1707), humaniste érudit, compositeur et organiste allemand très célèbre en son temps, au point que le jeune Jean-Sébastien Bach a fait à pied un voyage de quelque 500 km, afin de se rendre à Lübeck «pour y apprendre des choses concernant son art», en fait pour écouter Buxtehude à l’orgue et travailler avec lui. Au lieu des quatre semaines prévues, il reste 16 semaines auprès de celui que, de son vivant même, on avait proclamé «musicien de renommée internationale».

On connaît assez mal les premières années de la vie de Buxtehude, dont le père, organiste et maître d’école, lui donne une éducation musicale. En 1657 (ou 1658) il devient organiste à l’ancienne église de son père à Helsingborg et, en 1660, organiste à l’église d’Elseneur.

Puis il devient organiste titulaire de l’église Sainte-Marie de Lübeck et premier musicien de la ville.

À partir de 1673, il institue les concerts du soir (Abendmusiken) qui établissent sa réputation de compositeur dans toute l’Allemagne du Nord et attirent de jeunes musiciens, comme Brahms ou Bach, voulant rencontrer l’organiste le plus fabuleux de son temps

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Longtemps resté inconnu, on redécouvre aujourd’hui, à la faveur dont bénéficie la musique des XVIIe et XVIIIe siècles, un des plus grands artistes de son temps. Pour le connaître, il n’existe en français qu’un seul livre, mais un livre remarquable de Gilles Cantagrel: Dietrich Buxtehude (Fayard, 2007). Non seulement l’auteur suit pas à pas Buxtehude et son œuvre, en l’expliquant, mais il le situe dans son cadre historique et musical.

Sans parler de jolies pages sur la musique des sphères de Kepler ou la numérologie en musique. Pour qui s’intéresse à la musique et à son histoire, c’est un livre passionnant à découvrir.

Les pays scandinaves nous offrent d’autres anniversaires. La Norvège marque le centenaire de la mort du compositeur Edvard Grieg, en septembre 1907.

Né en 1843, il est élevé dans une famille de musiciens; sa mère, pianiste, est son premier professeur de piano et l’initie aux classiques et aux romantiques, comme Chopin et Mendelssohn. Il étudie en Allemagne, à Leipzig, et dès 1841, compose quatre pièces pour piano.

Puis, en 1863, doté d’une solide formation d’instrumentiste et de compositeur, il part pour Copenhague, au Danemark, rencontrer de grands maîtres de la musique scandinave et norvégienne en particulier. Il compose Six tableaux poétiques, qui intègrent déjà le folklore.

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Le sentiment d’appartenance à la Norvège, d’abord danoise puis suédoise jusqu’à son indépendance en 1905, est un élément moteur de la musique de Grieg, qui veut créer un style musical typiquement norvégien. Installé en Norvège, Grieg va puiser son inspiration dans les airs folkloriques norvégiens.

Ainsi, son Concerto pour piano en la mineur, son premier grand chef-d’œuvre, est devenu le symbole de la conscience norvégienne. «Ce concerto témoigne de sa perception de la nature et du peuple norvégiens. Avec les années, la musique de Grieg s’est identifiée à la voix de la Norvège…

L’objectif d’Edvard Grieg a été de créer une musique nationale qui confirme l’identité du peuple norvégien, et c’est pour cela qu’il a servi d’exemple à d’autres compositeurs. Mais son œuvre transcende le nationalisme. Grieg a su évoquer des sentiments et des idées dans lesquels le reste de l’humanité pouvait se reconnaître, auxquels chacun pouvait s’identifier.

Au-delà de son cadre national, Grieg s’impose comme un compositeur universel», de dire Harald Herresthal dans Edvard Grieg (ODIN – Ministère des Affaires étrangères de la Norvège).

Voici comment le programme de concerts Touches de passion nordique présente une sonate de Grieg: «La Sonate est remplie de passion nordique de même que d’images de folklore norvégien, allant du «soleil qui brille sur les montagnes recouvertes de neige» jusqu’aux trolls malins et aux «Huldre Kvinde» mi-femmes, mi-bêtes qui séduisent les jeunes hommes.»

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De nombreux orchestres au Japon, en Russie, en France, à Québec, à Montréal ont marqué le centenaire en exécutant des œuvres de Grieg, surnommé le «Chopin du Nord».

La Finlande célèbre le 50e anniversaire de la mort de son grand compositeur Jean Sibelius (1865-1957). De retour en Finlande après ses études musicales à Berlin et à Vienne, il s’intéresse lui aussi aux riches traditions et à la poésie populaire de son pays natal, sous domination russe.

Sa première œuvre, en 1892, la Symphonie Kullervo, marque la naissance de la musique finlandaise. D’autres suivront, avec notamment Finlandia en 1899, un poème symphonique qui exalte les valeurs de la Finlande, la Symphonie n°3 dite «la Pastorale du Nord», le célèbre Concerto pour violon op.47, la musique de scène Kuolema qui contient la fameuse >em>Valse triste, la Symphonie n°4, le poème symphonique Luonnotar.

Jean Sibelius bénéficie actuellement de la faveur qui s’attache aux grands symphonistes de la fin du XIXe et du XXe siècle. Son œuvre, qui comprend sept symphonies, quelque 10 poèmes symphoniques, des musiques de scène et des mélodies, fait de lui un musicien national et universel. «Si vous ne connaissez pas Jean Sibelius, courez acheter un disque avec la Deuxième Symphonie ou le Concerto pour Violon.» (Patrick Loiseleur, critique musical). Et pour découvrir un Sibelius inconnu, prenez le livre de Marc Vignal, Sibelius (Fayard), un livre imposant, «à la mesure de la place éminente que Sibelius ne quittera plus dans les histoires de la musique».

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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