Edmonton-Calgary ou Toronto-Montréal en moins d’une heure en hyperloop?

Le rêve de Sébastien Gendron, fondateur de Transpod

L’infrastructure Transpod dans le paysage urbain de Calgary.
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Publié 12/03/2021 par Arnaud Barbet

Edmonton-Calgary: peu importe l’itinéraire, il vous faudra minimum 3 heures de voiture pour voyager entre les deux principales villes de l’Alberta. Pour réduire ce temps à 30 minutes, l’«Hyperloop», une alternative à la voiture, plus rapide que l’avion et sans combustibles, est l’une des idées qui fait rêver les uns et douter les autres.

Le corridor Edmonton-Calgary, pour Sébastien Gendron, co-fondateur et directeur général de Transpod, est synonyme d’opportunité technologique et économique pour le gouvernement albertain.

Sécuriser le corridor

Il est agréablement surpris par les avancées de ce projet qu’il porte à bout de bras avec son équipe depuis 2017. «Le gouvernement provincial, par la voix de son ministre des transports, Ric McIver nous a facilité les démarches en signant ce protocole», explique-t-il.

Un protocole qui n’engage aucune dépense financière de la part du gouvernement, mais qui sécurise le corridor entre les deux villes et rassure les institutions financières qui voudraient se lancer dans l’aventure.

Sébastien Gendron, le fondateur de Transpod.

L’hyperloop pas essentiel

L’idée de développer un «hyperloop» laisse sceptique Joris Desmares-Decaux, directeur au Développement économique et service aux entreprises du conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA).

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À la vue du dernier budget provincial, l’avenir pourrait être morose pour la plupart des Albertains, explique Joris Desmares-Decaux.

«Entre la pandémie et les compressions budgétaires, nous ne sommes pas sortis du bois! Pas certain que le transport de passagers à 1000 km/h entre Edmonton et Calgary va jouer un rôle essentiel dans la reprise économique», malgré la promesse de création de 38 000 emplois en dix ans, soutient celui qui côtoie régulièrement des entrepreneurs francophones en difficulté dans la province.

Joris Desmares-Decaux, devant la Cité francophone d’Edmonton.

Diversifier l’économie

Le directeur général de Transpod est quant à lui optimiste. Il évoque les difficultés économiques de la province et la nécessité d’aller de l’avant vers une diversification des ressources.

Il est d’ailleurs persuadé que l’Alberta pourrait devenir l’étendard du transport «hyperloop» et des nouvelles technologies. Un point de vue d’ailleurs soutenu par Joris Desmares-Decaux.

«Nos industries fossiles sont à la fine pointe de la technologie. Utilisons nos talents pour un tel projet, futuriste et durable. Aujourd’hui, il faut stimuler l’innovation, se diversifier, l’Alberta a les moyens de penser différemment», soutient-il, tout en admettant l’importance de l’industrie pétrolière pour quelques années encore.

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Il énumère notamment l’efficience de certains incubateurs de la province comme TEC Edmonton, Startup Edmonton ou NABI à Saint-Albert en insistant sur leur importance dans le futur paysage économique de l’Alberta.

Hyperloop Toronto-Montréal

Sébastien Gendron ne retient pas son optimisme suite à l’étude de faisabilité en cours et sa première phase prometteuse.

«La population, les institutions, et le gouvernement sont ici beaucoup plus réceptifs à ce projet», admet-il, en faisant référence à l’Ontario, province du siège social de Transpod. Il faut dire que pour un TGV ou d’autres moyens de transport rapides, on évoque depuis longtemps le corridor Windsor-Québec via Toronto et Montréal, mais ça n’aboutit jamais.

Panneaux solaires

Si l’«hyperloop» promet de transporter les passagers et le fret entre Calgary, YYC, YEG et Edmonton en 30 minutes, il le fera grâce à l’énergie propre que l’infrastructure produira.

«L’objectif est d’habiller entièrement la ligne de panneau solaire», explique le fondateur de Transpod. Il assure d’ailleurs que la ligne produira plus d’énergie qu’il n’en faut, tout en supposant que celle-ci sera redistribuée aux réseaux électriques de la province.

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L’infrastructure Transpod vue du ciel en alignement avec le rail.

Hywerloop concurrent de l’avion

L’«hyperloop» est aujourd’hui un concurrent direct de l’aviation, explique Sébastien Gendron, qui est un ancien gestionnaire de projet en ingénierie pour Airbus et Bombardier.

Une certitude vacillante pour les prochaines années, selon le directeur au Développement économique du CDÉA qui n’hésite pas à citer le directeur général de Westjet, Edward Sims, qui dit «que son plus grand concurrent aujourd’hui c’est la plateforme de vidéoconférence Zoom»…

En effet, malgré l’intérêt qu’il montre pour un tel projet, il sait que les déplacements ne sont plus vraiment nécessaires à court terme. «Le présentiel est devenu l’exception, et il semblerait que de nombreuses entreprises se tournent vers un télétravail plus systématique à l’avenir», explique-t-il, sans pour autant l’apprécier.

Pour une clientèle d’affaires

Alors, quand on évoque la viabilité d’un tel projet, il suppose qu’à l’orée 2030-2035, date prévue de mise en circulation des capsules «pods», la clientèle d’affaires sera néanmoins au rendez-vous.

Grâce aux champs magnétiques, le directeur général de Transpod est persuadé que ces capsules voyageront demain sans friction, «en lévitation stable au-dessus de la surface inférieure d’un tube».

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Le directeur de Transpod, lui, insiste sur le transport de fret, aujourd’hui indissociable du projet et sur l’espoir d’obtenir «une garantie souveraine de la part du gouvernement albertain» afin de ne pas voir ce projet s’éteindre si le gouvernement change aux prochaines élections provinciales.

Finalement, Joris Desmares-Decaux sourit en admettant qu’il a hâte d’emprunter un jour ce moyen de transport ultrarapide qu’il a toujours imaginé entre les deux centres urbains, «en espérant voir se développer un réseau de transport en commun à la hauteur d’un tel changement!»

Auteur

  • Arnaud Barbet

    L’Initiative de journalisme local est financée par le gouvernement du Canada et gérée par l'Association de la presse francophone.

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