Tout le monde était au courant des photos érotiques de Lori Douglas avant sa nomination comme juge

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 24/07/2012 par Steve Lambert (La Presse Canadienne)

à 22h35 HAE, le 25 juillet 2012.

WINNIPEG – La controverse concernant des allégations de harcèlement sexuel et de photos érotiques de la juge Lori Douglas était connue de la communauté juridique du Manitoba bien avant sa nomination à titre de magistrat, affirme son époux.

Jack King a témoigné mercredi devant le Conseil canadien de la magistrature, chargé de l’enquête devant déterminer si la juge Douglas doit être relevée ou non de ses fonctions à la Cour du Banc de la Reine du Manitoba dans une affaire de harcèlement d’un client de son mari.

En 2003, alors que Jack King et Lori Douglas étaient tous deux avocats en droit de la famille au sein du même cabinet, M. King a téléchargé des photos érotiques de son épouse sur un site Web consacré aux relations sexuelles entre hommes noirs et femmes blanches. Il a aussi envoyé par courriel des clichés à son client Alexander Chapman, lui demandant d’avoir des relations intimes avec son épouse.

M. Chapman a porté plainte auprès du cabinet d’avocats, et M. King a tenté de remédier à la situation en quelques semaines, versant 25 000 $ à son client pour qu’il lui rende les photos et oublie l’affaire.

Publicité

L’homme a toutefois brisé cette entente en 2010, se plaignant auprès du conseil de la magistrature et insistant sur le fait que Mme Douglas a participé au harcèlement sexuel dont il a fait l’objet.

Entre autres allégations examinées par le conseil figure le fait que Mme Douglas n’a pas évoqué cette affaire au moment de postuler au poste de juge. En remplissant le formulaire de candidature, elle a répondu par la négative à la question demandant si son passé contenait des éléments susceptibles d’être une source d’embarras pour elle ou pour le tribunal.

Mme Douglas, qui n’a toujours pas témoigné devant le conseil, a indiqué dans des documents déposés auprès de l’organisation que la communauté juridique était bien au fait de cette affaire. Elle a ajouté que les juges ayant procédé à l’évaluation de sa candidature connaissaient eux aussi ce chapitre de sa vie.

Dans le cadre d’une enquête du Conseil canadien de la magistrature, M. King a expliqué qu’il avait pris de 100 à 150 clichés. L’homme, un avocat, a déjà admis avoir publié en ligne des photos sexuellement explicites de sa femme, Lori Douglas, et d’avoir harcelé un ancien client nommé Alexander Chapman pour qu’il couche avec elle.

M. King a plaidé coupable, l’an dernier, à des accusations d’inconduite professionnelle et a dû verser 13 650 $ au Barreau manitobain, mais conserve sa licence pour pratiquer le Droit.

Publicité

Mme Douglas risque une pénalité beaucoup plus sévère. Le groupe chargé de l’enquête pourrait recommander qu’elle perde son poste de juge. La décision finale revient au ministre fédéral de la Justice.

Mme Douglas et son mari ont maintenu que ce dernier avait agi sans qu’elle n’en soit informée, c’est-à-dire qu’elle ne savait pas que M. King avait publié en ligne des photos d’elles en 2003. Certaines la montre vêtue de façon suggestive, ou en train d’accomplir des actes sexuels. À l’époque, les deux époux étaient partenaires au sein de la même firme d’avocats, et M. King était l’avocat chargé du divorce de M. Chapman.

Lors de son témoignage, M. King a déclaré que Mme Douglas ne savait peut-être même pas qu’il avait conservé les photos, la plupart ayant été prises avec un appareil instantané Polaroïd.

Peu après que M. Chapman ait reçu les photos osées de M. King, il a menacé de le poursuivre pour harcèlement. En quelques semaines, M. Chapman a accepté un paiement de 25 000 $ de la part de King, en échange du retour de toutes les photos et de la promesse de ne jamais parler publiquement de l’affaire. M. Chapman a violé cette entente en 2010, affirmant continuer à souffrir.

Mme Douglas fait face à quatre accusations, soit d’avoir sexuellement harcelé M. Chapman, de ne pas avoir discuté de l’affaire lorsqu’elle a passé un processus d’embauche pour une nomination judiciaire en 2005, de ne pas avoir révélé tous les faits à l’enquête et d’avoir modifié en 2010 un passage de son journal remontant à 2003, et d’avoir sapé la confiance dans le système de justice et sa capacité d’agir comme juge en ayant accepté de prendre des photos érotiques.

Publicité

Elle a toutefois, nié toutes les allégations. L’avocate de Mme Douglas, Sheila Block, a demandé au groupe d’enquête de ne pas pénaliser sa cliente pour la trahison de son mari.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur