Tourisme : pas de pilier francophone dans la nouvelle stratégie fédérale

Corridor patrimoine
La Route de Champlain suivra le chemin parcouru par l'explorateur et fondateur de la Nouvelle-France en 1615 et 1616.
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Publié 30/05/2019 par Jean-Pierre Dubé

La nouvelle stratégie fédérale pour la croissance du tourisme, lancée par la ministre Mélanie Joly le 21 mai, repose sur un Fonds pour les expériences canadiennes de 58 millions $ sur deux ans.

L’initiative met l’accent sur cinq piliers touristiques : rural, autochtone, culinaire, inclusif (LGBTQ) et hors de la saison estivale. Mais ne mentionne pas les communautés francophones.

Cette absence a grandement déçu un porteur du dossier, le Réseau du développement économique des communautés francophones et acadienne (RDÉE Canada), présent dans 12 provinces et territoires.

Omission préoccupante

«Comment peut-on avoir oublié le tourisme francophone? Cette omission est préoccupante», a déclaré le 28 mai Jean-Guy Bigeau, président-directeur général du RDÉE Canada, soulignant que la ministre Joly est également responsable des Langues officielles et de la Francophonie. «Il devrait y avoir de l’espace pour tous les secteurs.»

La ministre Mélanie Joly à la tribune du Club canadien de Toronto le 10 avril. (Photo: Philippe Davisseau, Club canadien de Toronto)

L’organisme regrette que la seule mention se trouve en page 10 de l’énoncé stratégique pour évoquer le Corridor patrimonial, culturel et touristique francophone inauguré en février 2018, grâce à Patrimoine
canadien.

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Mélanie Joly avait participé au lancement. «Le Corridor est un des projets phares que nous avons avancé, avait-elle soutenu, pour promouvoir la francophonie canadienne dans le cadre de Canada 150. Ce projet reconnaît sans équivoque le patrimoine francophone de notre pays. Il fait connaître des produits locaux et propose des expériences uniques.»

«Les francophones auront accès aux fonds»

Le projet n’aurait pas reçu de financement l’an dernier et RDÉE Canada s’impatiente. «Ce qui a été fait dans le passé n’a de réelle valeur que si l’on développe le futur, argüe Jean-Guy Bigeau. Le [site web du] Corridor doit être considéré comme un point de départ et non comme une fin.»

L’attaché de presse de la ministre est étonné. «On a un peu de misère à comprendre la réaction, note Jeremy Ghio. On fait déjà beaucoup en matière de tourisme francophone. Le RDÉE a reçu 2,4 millions $ pour le Corridor à partir du Plan d’action pour les langues officielles. Il y a des sommes mises de côté pour les communautés dans plusieurs initiatives fédérales, par exemple les festivals.

«Je comprends qu’ils auraient aimé voir un pilier pour le tourisme francophone au même titre que les autres», souligne le porte-parole. «Mais il y a des chefs de langue française dans le tourisme culinaire, des communautés francophones dans le rural et des groupes métis dans le milieu autochtone. Ils peuvent appliquer, ils vont avoir accès aux fonds.»

Jean-Guy Bigeau reconnait cette possibilité. Mais RDÉE Canada nourrissait d’autres attentes, après avoir développé un plan d’affaires «pour assurer la pérennité du Corridor et son fonctionnement». Il
admet que le Ministère s’est montré préoccupé quant au potentiel d’autres sources de financement.

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Les membres du conseil d’administration de RDÉE Canada étaient réunis à Yellowknife le 24 mai. Le PDG Jean-Guy Bigeau est le 3e à gauche, 1re rangée.

Le RDÉE souhaitait une discussion plus large

«On a déposé une demande de financement pour les trois prochaines années, indique le PDG, pour mettre en place des partenariats avec des organismes qui appuient le tourisme, comme Destination Canada. J’ai eu une rencontre avec le personnel de la ministre et on a fait le tour de la question.»

Jeremy Ghio accuse réception d’une nouvelle soumission pour une prochaine étape de développement du Corridor. «On est en train d’étudier la demande faite à Patrimoine canadien.»

Mais RDÉE Canada souhaitait une discussion plus large avec Mélanie Joly pour qu’elle puisse inclure dans la stratégie un volet pour les infrastructures francophones. «On a aussi développé un positionnement stratégique, ajoute Jean-Guy Bigeau, sachant qu’elle allait lancer un nouveau plan.

«Mais il n’y a aucune référence, reproche-t-il. La ministre aurait pu cibler la francophonie alors qu’on marque le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles. Des retombées spécifiques étaient rattachées et on prend mal la décision.»

Financement de la Route Champlain

Jeremy Chio aurait invité les membres du RDÉE à participer aux autres volets de l’initiative : les groupes d’investissements et la table de stratégies économiques. «Ils seraient plus que bienvenus pour voir comment on peut structurer le secteur.»

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En 2018, les recettes totales générées au pays par les voyageurs canadiens et internationaux auraient  atteint 102,1 milliards, une augmentation de 5,2 % par rapport à 2017.

Jean-Guy Bigeau a participé à Toronto, fin mai, au Rendez-vous Canada sur le tourisme. «On est là  pour s’assurer que l’Ontario continue à financer un des gros volets du Corridor, [la Route] Champlain.»

Auteur

  • Jean-Pierre Dubé

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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