Toronto «ville sanctuaire» contre toutes les discriminations

Sous le double choc des politiques américaines et de l’attentat de Québec

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 31/01/2017 par François Bergeron

Toronto est une «ville sanctuaire» avec «responsabilité de protéger et de défendre les intérêts de ses citoyens de toutes origines», a proclamé mardi le maire John Tory, flanqué de plusieurs élus municipaux de Toronto.

Cette déclaration veut réagir formellement aux nouvelles politiques américaines limitant l’immigration en provenance de plusieurs pays musulmans, mais également à l’attaque perpétrée par un étudiant de 27 ans contre la Mosquée de Québec, qui a fait 6 morts et 5 blessés graves dimanche soir.

«Nous dénonçons tous les actes d’islamophobie, de discrimination, de peur et de haine», a lancé John Tory, ajoutant qu’il était «fier que les Torontois ont accueilli les réfugiés syriens à bras ouverts».

En pratique, a-t-il précisé, ce statut de «sanctuaire» signifie que l’administration municipale permettra à tous ses résidents de profiter des services municipaux sans craintes de se voir demander des papiers d’identité ou des permis de séjour qu’ils n’auraient pas, «afin que tout le monde soit en santé et en sécurité».

bqttory

Publicité

Lundi, les plus grandes manifestations de solidarité avec la communauté musulmane ont eu lieu à Québec et Montréal, avec le maire Régis Labeaume et les premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau.

Plusieurs centaines de personnes ont également rejoint le maire John Tory et le ministre fédéral des Finances Bill Morneau sur le campus de l’Université de Toronto.

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a visité une mosquée du centre-ville de Toronto.

Toujours lundi, une manifestation devant le consulat américain à Toronto, avenue University, n’a pas manqué d’établir un lien entre le récent décret du président Donald Trump limitant l’immigration et l’attaque islamophobe de Québec.

bqtdrapeauCommunauté franco-torontoise

Au Centre francophone de Toronto, la directrice générale Lise Marie Baudry a déclaré: «Nous avons manifesté notre solidarité envers les communautés musulmanes du Canada et ceux et celles qui ont manifesté pour la protection des réfugiés».

Publicité

Dans un message adressé aux employés du CFT et partagé sur ses réseaux sociaux, elle ajoute: «Nous sommes tous, ainsi que notre clientèle, affectés par les démonstrations de discrimination et de haine envers certains groupes.»

On rapporte également des activités de solidarité envers la communauté musulmane dans nos écoles françaises.

Les drapeaux des écoles et des points de service du Conseil scolaire catholique ont été mis en berne et les élèves et le personnel ont récité lundi une prière – incluse dans un message aux parents – demandant notamment au Seigneur de «veiller sur nos frères et soeurs qui souffrent à cause d’actes violents et haineux».

«La haine et la violence n’ont aucun sens et ne peuvent être justifiées», a déclaré le directeur de l’éducation du CSDCCS, André Blais. «Par contre, nous pouvons donner un sens aux événements en choisissant de répondre à la haine par l’amour; à la violence par la paix; à l’exclusion par l’accueil; à la peur par l’ouverture.»

Du côté du Conseil scolaire Viamonde, c’est ce mardi 7 février que des élèves et du personnel de l’école Gabrielle-Roy, au centre-ville, se rendront à une mosquée porter une lettre qu’ils ont écrite. En soirée, à partir de 18h, le Collège français (100 rue Carlton) invite les élèves, les familles et toute la communauté à une vigile à la chandelle.

Publicité

Le Québec à Toronto

Par ailleurs, la chef de poste du Bureau du Québec à Toronto, Nicole Lemieux, a participé spontanément, avec quelques membres de son équipe, à une marche de solidarité avec la communauté musulmane de son quartier de l’Est de Toronto lundi soir.

Au micro de l’émission L’heure de pointe, animée par Line Boily à Radio-Canada Toronto, Mme Lemieux s’est dite «sous le choc» elle aussi face à «un acte inacceptable qu’il faut condamner avec force et conviction».

«Nous ne sommes pas à l’abri», constate-t-elle tristement, «d’actes extrémistes violents».

Mme Lemieux s’est dite «touchée par la vague de sympathie», véritable «cri du coeur», qui a traversé tout le Canada et a été ressenti dans le monde entier.

Sur Twitter, le BQT a affiché deux photos prises lors de la marche à laquelle a participé Mme Lemieux, dont l’une de fleurs accompagnées d’un message bilingue déposés à la porte d’une mosquée de la rue Dundas.

Publicité

bqtfleurs

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur