Tiffany ou la magie du verre au Musée des beaux-arts de Montréal

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Publié 06/04/2010 par Gabriel Racle

C’est une rare exposition que présente en ce moment, jusqu’au 2 mai, le Musée des beaux-arts de Montréal. Intitulée Le verre selon Tiffany: la couleur en fusion, l’exposition est consacrée à la contribution exceptionnelle apportée au design et à la technologie du verre par Louis C. Tiffany.

Louis Comfort Tiffany, né en 1848, est le fils de Harriet et Charles Lewis Tiffany, fondateur de la bijouterie Tiffany & Co à New-York. En 1866, il entre à la National Academy, une association d’artistes fondée à New York en 1825 dans le but de promouvoir les beaux arts, où il poursuit des études artistiques. Ses premières productions sont des peintures, mais il se spécialise comme architecte d’intérieur et connaît alors un vif succès.

Il crée des décors d’intérieur pour des personnalités célèbres. Même le président des États-Unis fait appel à ses services pour l’aménagement du salon rouge et bleu de la Maison blanche. Malheureusement, il ne reste à peu près rien de ses réalisations de cette époque.

La «Favrie»

En 1822, inspiré peut-être par l’Art nouveau, il réalise des œuvres en verre dans ce style: vases, carrelages, mosaïques, vitraux. Le succès aidant, il crée sa propre entreprise et invente un procédé de fabrication de verre opaline.

Vers 1893, il invente une nouvelle technique, la «Favrie», consacrée au façonnage à la main d’articles comme des vases, des bols, d’autres contenants. Il s’occupe également de vitraux.

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En 1902, il devient directeur artistique de Tiffany & Co, une florissante entreprise offrant une gamme complète de décoration d’intérieur. Lui-même dessine des lampes et des abat-jour en verre, combinant harmonieusement plusieurs couleurs. Progressivement, il se retire des affaires vers la fin des années 1920 et il décède à 85 ans, en 1933.

Lampes et vitraux

L’exposition de Montréal est la première exposition de cette importance consacrée au Canada à Louis C. Tiffany.

Près de 180 œuvres sont réunies, parmi lesquelles un ensemble de dix-huit vitraux religieux de grandes dimensions, un large éventail de vases en verre aux formes organiques, une série de lampes ornées de glycines, de libellules et de magnolias, quelques exemples de tableaux, de mosaïques, de bijoux, de même que des dessins originaux des ateliers Tiffany et des photographies d’époque.

Un ensemble de dix-sept vitraux appartenant au Musée des beaux-arts de Montréal constitue l’un des temps forts de la rétrospective.

«Puisqu’ils devaient être démontés [de l’église Erskine and American] en raison des travaux d’expansion, j’ai tout de suite vu l’opportunité unique d’en faire une exposition», explique Nathalie Bondil, directrice du Musée. «Après plus d’un demi-siècle d’oubli, ce patrimoine montréalais et canadien –la plus importante commande de Tiffany au Canada – est enfin redécouvert. Il s’agit du chantier de restauration le plus important de l’histoire du Musée», conclut-elle.

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Les spécialistes affirment que ces vitraux sont issus de la meilleure période des ateliers Tiffany, entre 1897 et 1902. Ils sont présentés à hauteur des yeux.

Le catalogue

Cette exposition donne lieu à la publication d’un superbe livre d’art, le catalogue, qui constituera un excellent souvenir pour les visiteurs qui ne voudront pas manquer de voir cette exposition. (Sinon, il faudra aller au Virginia Museum of Fine Arts, à Richmond, aux États-Unis, qui accueillera l’exposition du 29 mai au 15 août 2010.) Et pour qui ne peut se rendre à Montréal, cet ouvrage permet de mieux connaître le créateur et ses réalisations.

Première publication majeure en français sur Tiffany, ce catalogue compte 261 pages et 250 illustrations. Il réunit des essais par les conservateurs et plusieurs spécialistes qui étudient de près l’œuvre de Tiffany et la remettent dans son contexte.

Ce livre est divisé en six chapitres: Les débuts; Intérieurs; Vitraux; Vases; Luminaires et objets décoratifs; Rayonnement international. Suivent les notices, la chronologie, la liste des œuvres et une bibliographie sélective. De magnifiques illustrations accompagnent les textes.

Une occasion unique

Le catalogue donne ainsi la possibilité d’admirer à loisir ces pièces de verre multiformes et multi couleurs, dont le talent de Louis Tiffany a fait l’originalité et la valeur.

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Ces véritables sculptures marient les effets et les reflets de la lumière et des couleurs dans une somptueuse harmonie. Bien entendu, la visite de l’exposition permet de mieux apprécier le scintillement lumineux des œuvres exposées, grâce notamment à une scénographie particulièrement soignée.

L’élégant aménagement de l’espace qui rehausse l’éclat des vitraux, met en valeur les innombrables formes du verre Favrile et fait ressortir les lumineuses couleurs des lampes. Celles-ci sont placées sur des socles individuels pour que le visiteur puisse en faire le tour, bénéficier d’une relation particulière avec chaque lampe et d’apprécier la variété des modèles.

Voir cette exposition en personne, ou par le livre d’art auquel elle donne lieu, c’est une occasion rare de découvrir un art aussi original qu’étincelant. À ne pas manquer, si on le peut.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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