En 2007, Hélène Koscielniak publie un premier roman, Marraine, qui remporte le prix de Littérature éclairée du Nord. Résidante de Kapuskasing (Ontario), l’auteure décrivait alors les conditions de vie des Haïtiens et Dominicains parqués dans des bateyes, ces campements de coupeurs de cannes à sucre. Elle vient d’écrire la suite, Filleul, dont l’action se passe surtout à Kapuskasing.
Comment passe-t-on d’un batey à une ville du nord ontarien? Très simple. La marraine canadienne fait venir son filleul dominicain pour étudier au Canada. Jo’no a 11 ans, son père est dominicain et sa mère est haïtienne. Il arrive en janvier et découvre le dur hiver canadien.
Le garçon s’acclimate assez rapidement à son nouvel environnement: foyer d’hébergement où il a une chambre aussi grande que son ancien taudis, école qu’il fréquente pour la première fois, météo canadienne qui lui fait savourer la neige et le skidoo, accent franco-ontarien pittoresque qu’il maîtrise en peu de temps.
Jo’no est étonné d’apprendre que les poissons ne meurent pas dans un lac dont la surface est gelée. Il découvre une foule d’appareils, dont le grille-pain qui fait des taustes qu’on couvre de pinotte boteur. Il mange de la perdrix apprêtée avec de l’ail des bois et des cœurs de quenouilles. «Ti-Jésus! Quel pays!»
À l’école, Jo’no est évidemment le seul Noir. Il se lie d’amitié avec un Amérindien, mais les deux sont victimes de taxage ou intimidation: «crotté de Noir, crotté d’Indien, maudits accents sales».