Théâtre français de Toronto: une campagne de don pour un budget record

La campagne annuelle de collecte des dons lancée le mois dernier par le Théâtre français de Toronto (TfT) s’effectue via le site internet du théâtre. Objectif: atteindre 15 000 $ d’ici le 31 décembre.

«Nos ambitions sont fortes et nos rêves, sans limites. Aidez-nous à les atteindre»: telle est la devise du TfT accompagnant sa campagne annuelle de dons.

Le timing n’est pas anodin, explique Caroline Caire, responsable du développement au TfT. «La campagne de dons de fin d’année a pour objectif de mobiliser notre public et nos donateurs fidèles pour que leurs contributions viennent apporter un complément financier et soutenir notre saison, qui comprend une programmation très variée.»

Quelque 10 spectacles, 75 représentations et une tournée pancanadienne sont au menu de la saison 2024-2025. De plus, des mentorats pour artistes en résidence, des laboratoires créatifs, un club de lecture et des spectacles dans les écoles sont également au programme.

Une campagne pour «(s)’ancrer»

Par ailleurs, comme chaque année, la campagne de dons adopte un thème en adéquation avec ses orientations et priorités. Pour cette année, les responsables du TfT ont choisi de l’intituler (s’)ancrer.

«Comme nous travaillons actuellement très fort à la réalisation des objectifs stratégiques à long terme, le thème ((s’)ancrer est donc venu assez naturellement. Il est indispensable que le TfT continue de s’ancrer pour les générations à venir, afin de garantir l’épanouissement et la richesse culturelle et artistique des communautés francophones de Toronto», argumente Caroline Caire.

Quant à la cagnotte, 15 000 $, autant dire une broutille pour l’unique théâtre francophone et francophile de la métropole.

Budget record pour 2025

Et pourtant, à en croire la responsable du développement du TfT, «même si les revenus de cette campagne ne représentent pas la majorité de notre budget, les dons récoltés durant cette période restent tout de même indispensables pour permettre de réaliser la saison artistique dans les meilleures conditions possible».

À vrai dire, au regard du budget global du TfT prévu pour l’année 2025, et qui dépasse les 1,5 million $ – soit trois fois plus que ce qu’il était il y a 30 ans –, l’objectif s’inscrit davantage dans une stratégie de communication que dans une dimension pécuniaire.

«Cette campagne annuelle est également un moment privilégié pour reconnecter avec nos donateurs, mais aussi une opportunité de faire connaître le TfT et l’importance de son impact sur la francophonie à de nouveaux donateurs», rappelle Caroline Caire.

«Pour une grande partie de nos donateurs, faire un don au TfT est un acte presque militant. Il permet de rendre possible, année après année, la création artistique en français dans une ville très majoritairement anglophone.»

Les donateurs l’entendent de la même oreille

Ann Atkinson, une anglophone qui a étudié la littérature française à l’université et grande fan de Molière, notamment pour la façon de ce dernier «à se moquer des riches», est de ceux-là.

«Le français est une langue magnifique et, en tant que l’une de nos deux langues officielles, son usage devrait être préservé et encouragé au Canada», défend-elle.

«Aujourd’hui, assister à des pièces de théâtre en français à Toronto me permet de maintenir mes compétences linguistiques. Certaines œuvres sont en dialectes locaux et difficiles à comprendre pour moi, mais les surtitres m’aident. Il existe aussi des lunettes spéciales pour lire les traductions en anglais», poursuit-elle.

Ann Atkinson est l’une des plus fidèles donatrices du TfT. Pour preuve, elle figure dans la catégorie Ambassadeurs or où sont classés les donateurs qui se sont délestés d’entre 10 000 et 24 999 $ au profit du TfT!

«Le TfT a besoin de plus de donateurs pour pouvoir développer ses activités. L’équipe aimerait, par exemple, avoir son propre espace théâtral, ce qui coûte plus cher que la normale», corrobore-t-elle.

Pas de nouvelle salle en vue

À ce propos, il convient de rappeler qu’avec plus de 12 000 spectateurs chaque année, le TfT représente la plus grande compagnie de théâtre francophone hors Québec. Or, malgré cela, il est la seule grande compagnie de théâtre à ne pas posséder son propre théâtre.

«Nous travaillons très activement à la réalisation de cette vision: une maison pour le TfT, pour les artistes francophones, et plus largement pour notre belle communauté de francophones et francophiles», réitère Caroline Caire.

Toutefois, la responsable de développement avoue que le projet est toujours au point mort, et ce malgré le fait d’avoir entamé «des discussions assez approfondies avec les différentes parties prenantes». Mais il n’y a pour l’heure rien de concret à partager publiquement puisque «rien n’est signé ni confirmé».