Terraformer la planète Mars: un futur très lointain

Mars
Une ville martienne selon Space X.
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Publié 15/09/2025 par Agence Science-Presse

Rendre Mars habitable pour les Terriens? Ce ne sera pas aussi facile que la science-fiction le prétend.

Le terme savant est «terraformer», c’est-à-dire créer, à la surface et dans l’atmosphère, des conditions similaires à la Terre: propices à la vie humaine, et accessoirement, propices à de la végétation et de l’eau qui coulerait dans les rivières aujourd’hui asséchées.

Mais avant que des humains ne puissent sortir de leurs bâtiments martiens sans scaphandres, il y a du chemin à faire.

SpaceX
Représentation d’artiste d’une éventuelle base martienne équipée par des fusées de SpaceX.

Retenir la chaleur

«C’est un gros défi», rappelle le magazine Science News, parce qu’il ne suffit pas d’ajouter de l’oxygène dans l’air. Il faut que cette atmosphère ait atteint une épaisseur suffisante pour retenir la chaleur: une journée sur Mars peut, à l’heure actuelle, régulièrement descendre sous les moins 100 °C. Or, pour rendre la surface habitable, il faut aussi qu’elle puisse conserver de l’eau à l’état liquide.

Pour retenir la chaleur, il faut davantage de dioxyde de carbone (CO2) que ce qu’on trouve dans l’atmosphère martienne actuelle: autrement dit, il faut créer sur Mars un effet de serre. Mais il y a aussi le problème de la gravité: Mars, plus petite et moins dense que la Terre, a une plus faible gravité, ce qui augmente le seuil de difficulté pour empêcher l’atmosphère de «s’échapper» dans l’espace.

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Le CO2 pourrait être extrait des roches ou des calottes glaciaires martiennes. Mais ceux qui ont tenté ce genre de calcul théorique ne sont pas parvenus à démontrer s’il y en aurait assez pour amener l’atmosphère au niveau qui serait nécessaire pour «verdir» la planète.

Mars, astronaute
Beaucoup de défis technologiques et financiers doivent être surmontés avant d’envoyer des astronautes sur Mars. Illustration: Estebande, DepositPhotos

Accélérer le processus

Une hypothèse encore plus osée a été évoquée: provoquer des éruptions volcaniques sur Mars… en provoquant des collisions avec de petits astéroïdes. Cela, dans le but de «pomper» dans l’air une plus grande partie du CO2 actuellement emprisonné sous la surface.

Quant à l’oxygène, cela semble plus simple sur papier: des bactéries et de la végétation — génétiquement modifiés pour résister aux conditions hostiles — augmenteraient la quantité d’oxygène dans l’air.

Le problème est que si on ne veut pas attendre des millions d’années pour que le taux d’oxygène ait atteint un seuil acceptable pour nous, il faudra inventer une technologie capable d’accélérer le processus. Et une technologie qui sera d’une fiabilité à toute épreuve, si on considère les vies qui dépendront d’elle…

Les premiers astronautes mettront peut-être le pied sur Mars dans la prochaine décennie. Mais il pourrait s’écouler des siècles, voire des milliers d’années, avant que Mars ne soit transformée en une deuxième Terre. «Certainement rien qui n’appartienne de très loin à notre époque», commente dans Science News le professeur de l’Université du Delaware John Byrne, auteur d’articles sur le sujet.

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Perseverance-Mars
Le robot Perseverance sur Mars. Photo: NASA/JPL-Caltech

Indices de vie sur Mars?

Par ailleurs, l’espoir de trouver de la vie sur Mars repose à présent sur une poignée de roches qui présentent des indices «excitants». Mais pour en être sûr, il faudrait des études beaucoup plus approfondies que ce dont est capable le robot qui manipule en ce moment ces cailloux.

Tout avait commencé l’an dernier avec une roche appelée Cheyava Falls. Une analyse réalisée par le robot américain Perseverance, qui roule sur Mars depuis 2021, avait découvert du «matériel organique». Il ne s’agit pas de vie, mais de certaines des «briques» nécessaires à un être vivant.

Comme Perseverance roulait alors sur les flancs d’une rivière asséchée qui s’était jadis jetée dans un lac — aujourd’hui le cratère Jezero — la possibilité la plus tentante pour expliquer la présence de ce matériel était qu’il s’agisse des restes de l’activité jadis réalisée par des bactéries.

Hypothétiques bactéries

L’hypothèse était renforcée par la présence, à l’intérieur de la roche, de «taches» comparées alors à celles des léopards — mais d’une taille d’un millimètre — qui pourraient être les traces de réactions chimiques utilisées par ces hypothétiques bactéries.

Depuis, Perseverance a détecté d’autres signes de ce qui pourrait avoir été une activité biologique dans deux autres roches argileuses ramassées en deux endroits différents. Il s’agit de minuscules bosses contenant du phosphate de fer et du sulfure de fer, deux composés inhabituels pour la géologie du cratère Jezero, mais qui pourraient être tous deux le résultat, il y a des milliards d’années, d’une activité microbienne.

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L’an dernier, les chercheurs étaient prudents, rappelant que ces taches pouvaient aussi être le banal résultat d’une activité «non biologique». Cette fois, l’accumulation d’indices semble générer davantage d’enthousiasme, au point où le directeur de la NASA a déclaré au cours d’une conférence de presse suivant l’annonce de la découverte, le 10 septembre, que «cela pourrait être le signe de vie le plus clair que nous ayons jamais trouvé sur Mars».

L’annonce coïncide avec la publication de l’analyse de ces nouveaux cailloux dans la revue Nature.

Éventuelle preuve de vie

Conférence de presse ou pas, la prudence reste de mise: les astrobiologistes — ceux qui étudient la possibilité de trouver de la vie ailleurs que sur Terre — utilisent une échelle de 1 à 7 pour évaluer le niveau de confiance qu’ils accorderaient à une éventuelle preuve de vie extraterrestre.

Même avec ces trois cailloux, on en est encore au niveau 1, la «détection d’un éventuel signal». Pour se rendre jusqu’au niveau 7, la «confirmation indépendante», il faudrait soit ramener ces cailloux sur Terre… soit envoyer un astrobiologiste là-bas.

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