Terra Brasilis, une tranche d’histoire

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Publié 06/12/2011 par Gabriel Racle

Quand art, histoire, flore et faune se marient, que découvre-t-on? On découvre Terra Brasilis, une tranche de l’histoire du Brésil allant du XVIe au XIXe siècle. Et avec l’importance que le Brésil prend parmi les grands pays du monde, cette page d’histoire et d’art est d’une grande actualité.


Une histoire d’interactions


Terra Brasilis est à la fois une exposition qui se tient à Bruxelles jusqu’au 12 février 2012, organisée par ING Belgique, et un ouvrage d’histoire, qui ouvre des perspectives nouvelles sur la «création» du Brésil moderne, et qui ne peut qu’intéresser les amateurs d’histoire, d’art, d’écologie, de faune et de flore, de ce grand pays du sud de notre continent.


Terra Brasilia, Bruxelles, Ludion – ING, 29×24,5 cm, 280 p., nombreuses illustrations en couleur.


Comme l’indique dans son avant-propos Sérrgio Mamberti, commissaire brésilien, «Terra Brasilis parle de l’influence réciproque entre l’Europe et le Brésil à l’époque de la découverte et de l’exploration de la flore et de la faune brésiliennes…


Cette interaction entre les deux continents apparaît autant dans les objets d’art que dans les travaux et illustrations du monde des sciences – géographie, ethnographie, botanique, zoologie et médecine – conservés dans les collections de musées brésiliens et de musées internationaux.»


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Et c’est précisément tout ce qui fait l’intérêt de cette exposition et de cette publication. Il ne s’agit pas d’une histoire politique du Brésil, que l’on peut trouver facilement ailleurs, même si celle-ci est sous-jacente, mais d’aspects souvent insoupçonnés d’une histoire écologico-artistique de ce pays, que l’on trouvera difficilement ailleurs et aussi bien illustrée.


Découvertes


Terra Brasilis est organisée selon diverses perspectives qui dévoilent des éléments essentiels, nécessaires à la compréhension du développement du Brésil, dans le cadre des interactions réciproques évoquées. Tout commence un peu plus de sept ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.


Le navigateur portugais Pedro Alvares Cabral, en route pour les Indes, débarque le 21 avril 1500 sur une terre inexplorée qu’il baptise Terra de Vera Cruz, Terre de la vraie Croix.


Ce lieu, qui n’était qu’une escale pour les navires portugais, va devenir un pays de cocagne par la découverte de ses ressources.


C’est d’ailleurs ce qui vaudra à ce pays son nom, attribué par les colons portugais qui découvrent un arbre dont le bois couleur de braise est recherché pour sa teinture et pour construire des bateaux, le pau brasil.


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Contrairement au Canada, nom susurré à Cartier par les Autochtones, ce sont les Portugais qui donnent un nom à ce pays, qu’ils protégeront jalousement jusque vers le XIXe siècle.


Ainsi, au fil de l’exposition, au fil des pages de Terra Brasilis se présentent les acteurs et les objets de ces découvertes, devant le décor historique planté pour leur déroulement par Eddy Stols: «Flore et faune du Brésil: cinq siècles de découvertes et d’appropriations».


Dans ces pages, (14-52), impossibles à résumer, accompagnées de superbes illustrations, on aura quelques surprises.


Des exemples: si les consommateurs l’ignorent, le café, le cacao proviennent souvent du Brésil, sous d’autres dénominations.


«Aujourd’hui, le monde entier boit du jus d’orange que l’on croit de provenance espagnole ou américaine» (p. 52), alors qu’il est brésilien.


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Déroulement


Le parcours de Terra Brasilis retrace donc 400 ans d’histoire, depuis la découverte portugaise du Brésil, en passant par l’époque hollandaise (1630-1654), les expéditions allemandes, françaises, italiennes et portugaises, et la longue histoire coloniale jusqu’à l’Empire brésilien du XIXe siècle et les débuts de la République.


On voit ainsi défiler, et nous reprenons quelques titres de chapitres, «Le commerce des animaux…»; «Un chapelet de fruits du Brésil», bien illustrés; «Les débuts de la médecine tropicale du Brésil au XVIIIe siècle.»


«Les caravelles qui sillonnaient les océans étaient des vecteurs de culture. Non seulement parce qu’elles transportaient des hommes et des objets qui reproduisaient en Amérique la culture européenne, mais aussi parce qu’elles rapportaient en Europe des connaissances nouvelles sur des plantes du Brésil et leurs applications médicinales.»


Art et culture


Toujours des interactions, et tout un chapitre est consacré aux plantes brésiliennes dans la pharmacie française et européenne aux XVIIe et XVIIIe siècles.


Et il ne faudrait pas oublier l’aspect artistique et culturel qui accompagne ces constatations.


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Les ananas servent de modèle à des hanaps, des coupes, des récipients en argent. Des tableaux reproduisent des fruits et des oiseaux aux vives couleurs. On trouve de superbes assiettes aux oiseaux d’Amérique.


La magie n’est pas absente, décrite dans «Les chaînes garnies de pendentifs et la force magique des fruits et des animaux».


Et il faudrait parler encore de la fascination qu’exercent les richesses naturelles du Brésil, qui s’exprime dans le dessin, la peinture, la sculpture et l’orfèvrerie, et des carnets de voyage et des ouvrages scientifiques qui en illustrent la luxuriance, et que le livre reproduit en abondance.


Un livre d’un grand intérêt et d’une grande actualité pour partir à la découverte du Brésil.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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