Telemann: célèbre et… méconnu

Cantagrel, Gilles. Georg Philipp TELEMANN. Troinex, Suisse, Éditions Papillon, broche, 21x15 cm, 40 illustrations, 176 p.
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Publié 26/06/2017 par Gabriel Racle

N’est-ce pas un paradoxe pour un musicien et compositeur, que d’être un «célèbre inconnu», pour reprendre les qualificatifs de l’auteur d’un livre passionnant qui nous le fait connaître.

C’est pourtant ce qui est arrivé à Georg Philipp Telemann, compositeur allemand du XVIIIe siècle, éclipsé dans la suite des temps par les préférences accordées à d’autres musiciens.

L’Année Telemann

Cette année nous donne l’occasion de faire connaissance avec ce compositeur, puisque 2017 a été consacrée Année Telemann, pour commémorer le 250e anniversaire de son décès, le 25 juin 1767. Et pour nous aider à connaître ce compositeur qui, de son vivant était le plus célèbre des musiciens, nous disposons de l’ouvrage que lui a consacré Gilles Cantagrel aux éditions Papillon.

Georg Philipp Telemann est né à Magdebourg, une ville d’Allemagne orientale, sur les rives de l’Elbe, le 14 mars 1681.

Est-il un musicien né? On peut se le demander. À part un enseignement de clavecin de deux semaines, Telemann n’a jamais pris de cours de musique. Ses parents conservateurs ne voulaient pas en faire un musicien.

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Surtout sa mère qui, devenue veuve en 1685, désapprouve son engouement pour la musique. Et pourtant, Telemann sait jouer de divers instruments comme le violon, la flûte, la cithare et le clavecin. Il avait appris clandestinement à se servir de ces instruments de musique.

Premier opéra à 12 ans

Telemann fait rapidement preuve d’un grand talent musical. À 10 ans, il avait déjà composé des pièces de musique, en secret.

À 12 ans il compose la musique de son premier opéra, Sigismundus. Pour le décourager, sa mère confisque ses instruments et l’envoie étudier à Zellerfeld, une ville de Basse Saxe à 100 km de Magdebourg.

Mais le surintendant de l’école est passionné par l’écriture de la musique et il exigera beaucoup de Telemann qui compose alors des motets pour le chœur de l’église, des arias, de la musique de circonstance pour les musiciens municipaux.

Auprès de maîtres influents, il poursuit sa formation musicale.

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Directeur de l’Opéra

En 1701, il s’inscrit à l’Université de Leipzig pour étudier le droit et, sous la pression de sa mère, s’engage à ne plus s’occuper de musique, mais il n’en fait rien.

En dehors de ses études et de son apprentissage du droit, il crée un orchestre amateur comptant 40 étudiants, monte des spectacles d’opéra et prend la direction musicale de l’église de l’université.

Son influence et son importance musicales vont grandissantes. Il est nommé directeur de l’Opéra de Leipzig. Et désormais sa carrière musicale va s’affirmer de plus en plus.

6000 oeuvres

Le vie de Telemann est désormais marquée par ses déplacements et la célébrité qui l’entoure. En 1712, il se rend à Francfort pour diriger la musique de deux églises de la ville. Il a beaucoup de succès dans toute l’Allemagne et il est obligé de refuser des postes qu’on lui propose.

En 1721, il devient cantor du Johanum à Hambourg. En 1722, il dirige l’Opéra de Hambourg. La consécration internationale vient avec un séjour de huit mois à Paris en 1737.

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Puis, son activité diminue peu à peu à partir de 1740. Telemann meurt le 25 juin 1767 à Hambourg, à 86 ans, célébré par ses contemporains.

Il aurait composé près de 6 000 œuvres dont 3 800 seraient répertoriées: œuvres pour orchestre, opéras, cantates, messes, oratorios, motets, odes, canons, chants et autres pièces.

Dans la vie de son temps

«Le plus éminent spécialiste de Jean-Sébastien Bach en langue française, Gilles Cantagrel, a réussi de manière exemplaire la gageure de présenter une synthèse à la fois concise et complète du plus démesuré des contemporains du Cantor […] Il n’existait en français aucun ouvrage sur Telemann, mais même à l’échelle internationale cette synthèse est la meilleure que je connaisse. Recommandé avec enthousiasme.» (Harry Halbreich, musicologue belge).

Telemann aujourd’hui ouvre le livre. «Face à tant de pièces, à une œuvre si volumineuse, à l’importance capitale du musicien dans la vie de son temps, il faudrait une étude de mille pages pour cerner avec assez de netteté sa personnalité, sa vie, son œuvre.» (p. 7)

Néanmoins, en six chapitres, l’auteur brosse un portrait complet de ce musicien célèbre dont nous avons donné quelques repères biographiques. Wanderjahre (années de formation), De Magdebourg à Leipzig. Sorau, Eisenach, Francfort. Hambourg, Hansestadt. Musique vocale. Musique instrumentale. Vous qui avez tant de renommée… Et une dizaine d’annexes pratiques terminent le livre.

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Le lecteur peut ainsi suivre pas à pas Telemann dans sa démarche constructive. Et des illustrations l’accompagnent. C’est l’occasion de «voir» au travail un compositeur passionné par la musique et de voir comment la musique stimule un compositeur.

La musique vous semble lointaine et difficile d’accès? Vous pensez que ce livre n’est pas pour vous? C’est tout le contraire. C’est la découverte agréable de la vie romanesque d’un compositeur qui nous fait entrevoir ce que l’on ne voir habituellement pas. «Recommandé avec enthousiasme.»

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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