Vers une table de concertation pour la collaboration au postsecondaire?

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Le milieu de l’éducation postsecondaire francophone a besoin des meilleures structures pour favoriser la collaboration. C’est ce qui ressort d'un atelier des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire. Photo: Dylan Gillis, Unsplash
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Publié 26/11/2021 par Éricka Muzzo

Le milieu de l’éducation postsecondaire francophone a besoin des meilleures structures pour favoriser la collaboration. C’est ce qui ressort d’un récent atelier «Collaborer pour innover» des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

Les représentants des établissements participants ont aussi évoqué l’idée de créer une table de concertation nationale pour discuter des enjeux spécifiques à leurs réalités.

RCCFC et ACUFC, des facilitateurs

«Il y a des projets, des collaborations qui devaient s’établir et qui finalement n’ont pas fonctionné parce que les organisations n’ont pas réussi à mettre les principes de base ou le système en place pour faire en sorte que la collaboration ait du succès. Donc il faut systématiser», souligne Jean Léger, directeur général du Réseau des cégeps et collèges francophones du Canada (RCCFC).

Il estime que le RCCFC et l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) — qui organisait la table ronde du mercredi 24 novembre, la troisième depuis le début des États généraux — ont une «responsabilité d’être des facilitateurs» de ce renforcement des capacités de collaboration.

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Des participants à l’atelier «Collaborer pour innover» des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

Cartographier les collaborations

Pour Peter Dorrington, professeur agrégé et vice-recteur à l’enseignement et à la recherche à l’Université de Saint-Boniface (USB), au Manitoba, l’une des priorités est de renforcer le continuum en éducation. Soit d’assurer qu’il est possible d’apprendre en français de la petite enfance au postsecondaire partout au pays.

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Il estime que cela passe inévitablement par la collaboration entre les divers établissements postsecondaires, mais aussi avec les organismes de la francophonie canadienne ainsi qu’avec le Québec.

L’USB est d’ailleurs en discussions avec l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, à cet effet, a lancé M. Dorrington.

Une cartographie nationale

«Il serait intéressant d’établir une cartographie régionale de ce qu’on fait ensemble, ce qu’on offre ensemble, comment on peut recruter ensemble, puis d’établir les collaborations en conséquence», suggère le vice-recteur à l’enseignement et à la recherche.

«Il serait peut-être même encore plus intéressant de songer à l’idée d’une cartographie nationale, peut-être avec une table de concertation nationale où il y aurait l’ACUFC, le RCCFC, la FCFA… Mais aussi le Québec. Pour s’assurer ensemble qu’il y ait une cohérence et qu’on travaille ensemble dans un esprit de complémentarité où on gagne ensemble.»

À l’Université de Saint-Boniface, le baccalauréat en sciences infirmières découle d’ailleurs d’une collaboration avec l’Université d’Ottawa et le Consortium national de formation en santé (CNFS), rappelle Peter Dorrington.

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Un pôle de recherche en santé

Dans les Maritimes, le Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick (CFMNB) est un autre exemple de collaboration interétablissements ayant mené au renforcement du continuum en éducation.

Depuis son inauguration en 2006, les francophones de la province peuvent former leurs propres médecins.

«On aimerait travailler de plus près en collaboration avec l’Université de Moncton et le Réseau de santé Vitalité pour faire vraiment un pôle de recherche en santé francophone qui serait plus gros, plus d’envergure», note Michel Landry, directeur et doyen associé du CFMNB. «Cela nous permettrait de compétitionner avec les grosses institutions et d’avoir quelque chose de francophone.»

«Avoir assez confiance les uns en les autres»

Il souligne qu’un des défis qui entrave parfois la collaboration, «c’est l’ego». Michel Landry remarque qu’il faut «avoir assez confiance les uns en les autres» pour accepter que le projet soit mené par l’établissement le mieux placé.

«Se faire confiance assez pour savoir que dans certains partenariats, on va supporter et pousser, et dans d’autres c’est nous qui allons être devant et tirer. Ça prend une relation de confiance parce que souvent, tu as deux organismes qui vont faire un partenariat et les deux vont dire “c’est mon projet, c’est pas le tien”», poursuit-il.

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«Il faut s’assurer qu’on focus sur c’est quoi les besoins de la communauté et qui est la meilleure personne ou le meilleur organisme pour que le projet soit un succès», encourage le directeur et doyen associé.

Faire front commun en matière de financement

Le fédéral a promis des fonds supplémentaires pour les établissements postsecondaires francophones en situation minoritaire. «Il va y avoir de l’argent pour les infrastructures», selon Michel Landry. Il estime qu’il faut «se préparer, savoir ce qui s’en vient et être prêts quand le train passera».

«Il faut une planification et un travail de collaboration en amont. Les grosses institutions vont présenter des grosses demandes, si on n’a pas de demandes on n’aura rien», souligne-t-il.

Au Collège nordique francophone de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, la directrice générale, Josée Clermont, note que «la communauté franco-ténoise augmente. Donc ça veut dire qu’on a besoin de plus d’infrastructures pour mieux accueillir les personnes qui arrivent d’ailleurs.» Comme de locaux supplémentaires, d’équipement, mais aussi de logement abordable.

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Martin Normand (animateur), Josée Clermont, Peter Dorrington, Michel Landry, Jean Léger.

Milieu d’apprentissage sain et sécuritaire

«Au-delà des partenaires académiques, on doit aussi se pencher sur des partenariats pour assurer un milieu d’apprentissage sain et sécuritaire.»

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«Pour nous, un investissement de la part du fédéral dans les infrastructures et le logement serait souhaitable et bénéficierait aux collaborations et à l’expansion de l’éducation postsecondaire en français dans les Territoires du Nord-Ouest», ajoute Josée Clermont.

Un partenariat vient notamment d’être créé entre le Collège nordique francophone et le collège La Cité à Ottawa pour offrir «quatre nouveaux programmes dans le domaine de l’éducation en petite enfance».

«Il s’agit de reconnaissance des acquis, formation continue, double accréditation secondaire et postsecondaire, mais aussi d’offrir un programme en format hybride», mentionne Josée Clermont.

Planifier la prochaine étape

Peter Dorrington, de l’Université de Saint-Boniface, rappelle enfin «qu’il y a lieu, comme francophones, d’être très fiers de ce qu’on fait dans nos provinces et territoires respectifs».

«Il s’agit de planifier la prochaine étape à l’intérieur d’un cadre qu’on pourrait établir – comment on va travailler de façon productive, constructive et complémentaire, dans le respect, où tout le monde gagne et notamment nos communautés francophones.»

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«Il y a du financement qui s’en vient et je pense que si on se positionne, qu’on montre qu’on travaille ensemble et que ça va donner des résultats encore plus intéressants, je pense que les gouvernements vont le remarquer», conclut-il.

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