Tabac: on veut maintenant interdire les couleurs et les logos des fabricants

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Publié 20/08/2013 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

à 15h52 HAE, le 19 août 2013.

QUÉBEC – Inspirée par l’Australie, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac presse Québec d’interdire aux fabricants de tabac d’afficher leurs couleurs et leur logo sur les paquets de cigarettes.

Les images de mourants, de langue épaisse, de poumons noircis et autres organes gangrenés par le tabac affichées en gros plan sur les emballages ne suffisent pas à réduire suffisamment le tabagisme, a déploré lundi la porte-parole de la Coalition, Flory Doucas, en conférence de presse.

Plus encore, l’industrie du tabac parvient, malgré les restrictions légales, à enjoliver la présentation de ses produits de façon à capter l’intérêt des jeunes.

Selon Mme Doucas, les fabricants utilisent des «éléments visuels» adaptés à la clientèle cible _ par exemple l’aventure pour les jeunes hommes et l’élégance pour les jeunes femmes _ et redoublent d’astuces pour mettre en marché des «formats jolis et stylisés» pour les cigarettes, cigares et cigarillos.

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«L’industrie joue sur les emballages, la forme, la taille, les couleurs afin de minimiser les mises en garde, banaliser les risques et imposer l’imagerie de la marque et ses caractéristiques auxquelles le fumeur se rattache. Les documents de l’industrie viennent nous le confirmer», a-t-elle déclaré.

À la veille des audiences de la commission parlementaire sur le renouvellement de la Loi sur le tabac, la Coalition demande au gouvernement du Québec de contraindre les fabricants à présenter leurs produits dans un emballage «neutre et standardisé» de couleur morne et sur lequel ne figurent ni logo ni slogan. La marque du manufacturier ne pourrait apparaître qu’en caractères minuscules sous le poids d’une image-choc.

Cette mesure a été adoptée par l’Australie en décembre 2011 et avalisée par le plus haut tribunal du pays après une cabale de l’industrie du tabac, a expliqué la députée et ex-ministre australienne de la Santé, Nicola Roxon, de passage au Québec à l’invitation de la Coalition.

La loi australienne étant relativement récente, Mme Roxon n’avait aucune donnée à présenter sur les retombées positives de la mesure. Néanmoins, les données «sur le terrain» sont probantes, selon elle.

«Les premières indications montrent qu’il y a davantage de gens qui songent à arrêter de fumer», a dit l’ex-ministre, brandissant un paquet de cigarettes olive-brun foncé, la couleur standard imposée à toutes les marques vendues au pays des kangourous.

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La Société canadienne du cancer est d’avis que le Québec peut de sa propre autorité adopter le modèle australien, même si le contrôle du tabac est une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et les provinces.

«Est-ce que le Québec peut adopter l’emballage neutre? Oui, c’est clair. Le contrôle du tabac est une compétence partagée entre les provinces et le fédéral, (mais) c’est tout simplement la loi la plus sévère qui prévaut», a indiqué Robert Cunningham, avocat auprès de la Société canadienne du cancer.

La lutte au tabagisme «stagne» au Québec depuis le milieu des années 2000. D’après les données fournies par la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, près du quart des Québécois _ 23,8 pour cent _ fumaient en 2012, le même taux qu’en 2005.

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