Surprises sur la genèse et le sens de 27 expressions

Serge Provencher
Serge Provencher, 27 expressions de la langue française revisitées, essai, Montréal, Éditions Les Heures bleues, coll. Les 27, 2018, 64 pages, 19,95 $.
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Publié 07/04/2019 par Paul-François Sylvestre

Les citations, proverbes et expressions consacrées de la langue française proviennent de la sagesse ancestrale, d’une œuvre littéraire ou du quotidien, toujours dans le but de faire comprendre un principe ou une réalité.

Docteur en éducation, Serge Provencher a réuni 27 expressions de la langue française revisitées, un court essai qui nous réserve des surprises sur leur genèse ou sur le sens qu’on leur a donné au fil des siècles.

L’expression «métro, boulot, dodo» est un extrait du poème Synthèse, de Pierre Béarn, paru en 1951. Béarn, de son vrai nom Louis-Gabriel Besnard (1902-2004), terminait son poème par ces quatre vers: «Au déboulé garçon pointe ton numéro / pour gagner ainsi le salaire / d’un morne jour utilitaire / métro boulot bistros mégots dodo zéro.»

Trente ans après Mai 68, les ouvriers de Renault ont pris le slogan «Métro, boulot, dodo» lors d’une manif.

Jamais expression ne fut plus déformée que «Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage». On entend très souvent «Cent fois…».

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Nicolas Boileau (1636-1711) est le père de cet alexandrin qui, au départ, peut être pris au sens technique (métier à tisser), mais qui «désignait aussi métaphoriquement l’art du vers, la technique poétique». On l’appliqua assez vite aux activités humaines même si elle était, à l’origine, un conseil aux écrivains.

L’origine de l’expression «reprendre du poil de la bête» demeure assez obscure, devenant presque une vedette de la phraséologie.

De nombreuses explications circulent, la principale ayant trait à «une vieille croyance voulant qu’un homme mordu par un chien pouvait se guérir en se servant du poil de la même bête».

Quant à la citation du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry (1943), «l’essentiel est invisible pour les yeux», il est difficile d’être contre la vertu. Mais le monde voit-il davantage avec les yeux du cœur depuis ces mots de Saint-Ex?

«C’en est presque gênant de répondre, quoique, après tout, les fables de La Fontaine n’auront jamais mis fin aux comportements qu’elles décrient.» Faut-il conclure que l’impact de la littérature sur le réel est quasi nul…?

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Le proverbe «Aide-toi, le ciel t’aidera» n’est pas un passage de la Bible. Certains y voient un aphorisme d’Ésope qui l’emploie dans une de ses fables vers 564 av. J.-C.

À sa manière, La Fontaine reprend la formule, mais il a été précédé par François Rabelais et Mathurin Régnier. Jeanne d’Arc, elle, aurait lancé lors de son procès: «Besognons, et Dieu donnera la victoire.»

Il arrive qu’un proverbe connaisse plusieurs variations, c’est le cas de «Chat échaudé craint l’eau froide».

Le texte le plus ancien remonte au XIIIe siècle. Dans Le roman de Renart, on lit «chat eschaudez iave (eau) creint». En 1652, cela devient «chien eschaudé craint l’eau froide», puis «chien eschaudé craint la cuisine» (1652), «chat échaudé craint la cuisine» (1690), et même «chat échaudé craint l’eau chaude» (1924).

L’ouvrage de Serge Provencher paraît dans la collection Les 27, aux Éditions Les Heures bleues. Chaque titre de cette collection porte sur une thématique générale qui est abordée en 27 sujets.

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La couverture est une œuvre de Guido Molinari (Sans titre, v. 1992). Curieusement, ce petit livre n’a pas de pagination. Fantaisie de l’éditeur, sans doute…

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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