Succès et nouveau projet pour Joseph Bitamba

Après le génocide rwandais, le viol comme arme de guerre

Joseph Bitamba
Joseph Bitamba et Patrick Bizindavyi
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Publié 24/04/2018 par Chloé Berry

Primé au festival Vues d’Afrique de Montréal et diffusé au Afrika Film festival en Belgique, c’est maintenant dans les prestigieuses salles de classe de l’université de Cambridge que va être diffusé le documentaire du réalisateur Joseph Bitamba sur le génocide rwandais, Ishyaka, la volonté de vivre. «Le documentaire sera dans le programme de l’année prochaine», nous révèle Joseph.

Portant sur la réconciliation entre les victimes et les bourreaux du génocide, Ishyaka a vivement fait réagir l’audience venue assister à la projection du documentaire dans la salle Beeton de la Bibliothèque de référence de Toronto à l’angle de Yonge et Bloor le 17 avril dernier, à l’invitation du Labo.

«Je suis très honoré de ce qui arrive au documentaire», nous confie Joseph Bitamba. Sorti début 2017, Ishyaka connaît des retombées très positives encore aujourd’hui. Mais le réalisateur ne compte pas s’arrêter là.

Ishyaka, un documentaire à succès

Le succès ne s’est pas fait attendre au pays. C’est dans les écoles secondaires francophones que Ishyaka va d’abord être diffusé.

Pour expliquer l’accueil chaleureux du public, Joseph pense que le thème de la réconciliation y est pour quelque chose. «En temps de guerre, les gens veulent entendre des histoires où les individus réapprennent à vivre ensemble», nous dit-il.

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Ce qui rend Joseph fier, c’est de savoir que le documentaire a eu bonne presse au Rwanda. Cela n’est pas si étonnant qu’il n’y paraît selon lui: «le Rwanda a eu cette intelligence d’oublier le passé pour vivre ensemble», nous explique Joseph. La volonté de reconstruire un pays a primé sur la rancoeur.

Histoire de femmes violées

Joseph Bitamba travaille actuellement sur un nouveau projet. Il décide de se focaliser cette fois-ci sur la problématique des viols dans une région où, traditionnellement, il y a un grand respect pour la femme. Il va essayer de répondre à la question suivante: pourquoi cette dépravation des valeurs?

C’est la région des Grands Lacs africains à cheval sur le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et la République Démocratique du Congo que Joseph décide d’ausculter. Une région qui connaît beaucoup de viols dans le sillage des conflits armés.

Le tournage a commencé il y a trois semaines et devrait durer deux mois. Joseph préfère prendre le temps pour ne pas brusquer ses interlocuteurs. «Les femmes violées ne se livrent pas facilement, je dois y aller doucement. J’essaye de les respecter, c’est pour cela que je n’ai pas de calendrier.»

Le budget est aussi une autre adversité… «comme à chaque fois», nous dit Joseph. Cependant, ces obstacles ne freinent pas le réalisateur, car, pour lui, c’est un «film comme ça qui peut ramener à la raison plusieurs personnes».

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Joseph Bitamba souhaite que son nouveau documentaire soit une valeur sensibilisatrice. Il veut que son travail soit diffusé dans la région des Grands Lacs en tout premier lieu. «J’espère faire prendre conscience, même aux violeurs, que ce n’est pas la norme.»

Auteur

  • Chloé Berry

    Journaliste à l-express.ca. Formée en sciences politiques et au journalisme en France. Adepte des questions de société et férue d'histoire.

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