Une paix fragile au Burundi

Le documentaire intitulé «La paix musclée de Carolyn McAskie» a été présenté à l’Alliance française de Toronto le mercredi 7 janvier dans le cadre de la série des soirées «Médiatiques». Voici un survol des éléments de ce documentaire tourné par le journaliste et réalisateur Joseph Bitamba.

Le Burundi, composé d’une population pluriethnique et voisin du Rwanda, a été particulièrement touché durant et suite à la crise rwandaise de 1994. Le documentaire de Joseph Bitamba raconte l’œuvre de Carolyn McAskie, ancienne Sous-Secrétaire des Nations Unies, lors de sa mission de paix menée au Burundi en 2003 – dix ans après l’échec rwandais faute d’un manque de soutien des Nations Unies et d’une force armée importante. Elle fut mandatée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies à la demande du peuple burundais.

En 2003, malgré les accords signés (exemple l’accord d’Arusha en 2000), les diverses factions burundaises semblaient incapables de sortir de la violence et la haine qui les opposaient depuis des années. De lourds doutes planaient au-dessus des épaules de Carolyn McAskie.

Le documentaire illustre bien le contexte sensible et les retombées (parfois discutables) de la mission onusienne de Mme McAskie. Il expose la grande fragilité politique du Burundi. Le Président actuel, Pierre Nkurunziza, élu à l’unanimité lors des dernières élections tenue au cours de la mission de Mme McAskie, est l’ancien chef du Front National de Libération et ex-terroriste.

Néanmoins, le documentaire témoigne des succès de la mission de Carolyn McAskie. Elle a réussi à faire avancer les choses, intégrer les rebelles, préparer des élections, assurer la présence des femmes burundaises au gouvernement, mettre en place une coalition dont l’impact est positif.

«Sa plus grosse victoire est d’avoir fait disparaître la peur entre les Hutus et Tutsis. Elle a fait apparaître la possibilité de lutter pour le pouvoir sans nécessairement passer par la guerre», dit Joseph Bitamba.

Une Commission de vérité est maintenant en place et a démarré son travail. La justice traditionnelle est en route. Le non-droit est appliqué. Certains disent qu’il faudrait un tribunal pour faire justice. Seulement après, viendra la réconciliation. Joseph Bitamba ajoute «chez nous on tourne toutes les pages, on les lira plus tard.»

Malgré tout, «La paix musclée de Carolyn McAskie» présente une dame forte de son expérience de 25 années en Afrique. Elle a exercé un leadership d’une main de fer auprès de 1 000 fonctionnaires burundais et 5 000 casques bleus, prônant une approche collaborative tout au long du processus de désarmement et démobilisation des factions rebelles.

On se souviendra aussi que le génocide du Rwanda en 1994 est rapidement devenu une crise régionale étendue, suscitée par de grands mouvements de populations à l’intérieur et autour du Rwanda.

Ne serait-ce que sur le plan de l’aide humanitaire au milieu des années 1990, plusieurs ONG internationales telles que par exemple CARE, la Croix-Rouge, Médecins sans Frontières, pour n’en citer que quelques-unes, ont démarré de nouvelles opérations de secours de grande envergure pour répondre aux besoins de milliers de victimes déplacées à l’intérieur du Rwanda et réfugiées au Burundi, en République Démocratique du Congo et Tanzanie.

De multiples programmes de secours d’urgence ont été également déployés à partir du Kenya et de l’Ouganda. Jusqu’à maintenant, l’ONU et plusieurs ONG sont toujours présentess au Burundi.

Les prochaines élections burundaises se tiendront en 2010. Entre temps règne une paix fragile au Burundi… Les armes sont encore partout dans les collines. La situation politique reste complexe. Selon Joseph Bitamba, les enjeux sont davantage politiques qu’ethniques. «Une question liée au défi de gérer un leadership partagé. Les choses vont changer en 2010, et se stabiliser en 2015», conclut-il.