Retour sur la Lune: la fusée SpaceX qui explose n’est pas un succès

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La fusée Falcin Super Heavy de SpaceX, surmontée de sa navette Starship, à la rampe de lancement de Boca Chica, Texas. Photo: SpaceX
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Publié 08/05/2023 par Pascal Lapointe

Le premier lancement de la nouvelle fusée de la compagnie SpaceX a été décrit comme un «succès» le 20 avril, en dépit du fait que la fusée a dû s’autodétruire 4 minutes plus tard.

Il est vrai que c’était un prototype, dont le lancement servait uniquement à tester les systèmes. Mais en même temps, cet incident rappelle que l’objectif d’un premier alunissage en 2025 est loin d’être garanti.

Une «super» fusée?

Ce lancement était en effet le tout premier test de l’assemblage entre la fusée appelée Falcon Heavy (ou Super Heavy), censée devenir la nouvelle génération de fusées de la compagnie SpaceX. Surmonté de son engin habitable simplement appelé Starship.

C’est la configuration avec laquelle la compagnie d’Elon Musk espère être capable de transporter des astronautes sur la Lune. Voire sur Mars.

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Lancement d’une fusée Falcon Super Heavy de SpaceX, surmonté de sa navette Starship, Texas. Photo: capture d’écran d’une animation de SpaceX

Falcon Heavy est décrite comme la plus grosse fusée jamais construite. Deux fois la puissance du lanceur de la NASA, le Space Launch System. Trente-trois réacteurs sont nécessaires pour l’arracher à son aire de lancement, au centre spatial de la compagnie, au Texas, surmontée du Starship.

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Mais les dégâts ne se sont pas limités à l’explosion de la fusée 4 minutes plus tard. La puissance du lancement a été telle qu’elle a détruit une partie du site, ont révélé des photos le lendemain.

On ignore combien de temps il faudra pour remettre le tout en état afin de réaliser le test suivant. Mais dans une déclaration faite huit jours plus tard devant des élus, à Washington, le directeur de la NASA s’est dit confiant de voir se tenir le prochain lancement «dans deux mois».

Son optimisme n’est pas partagé par plusieurs observateurs depuis le 20 avril.

La NASA garde l’avantage

En comparaison, le premier lancement du Space Launch System avait été, lui, un succès complet. La fusée est partie le 16 novembre du Centre spatial Kennedy de la NASA, en Floride.

La capsule Orion qu’elle transportait, sans occupants, s’est rendue en orbite lunaire. Elle en est revenue sans encombre 26 jours plus tard.

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C’est grâce à cette fusée et cette capsule qu’en théorie, les quatre astronautes — trois Américains et un Canadien — récemment présentés au public par la NASA doivent se rendre en orbite lunaire en 2024, pour ce qui est appelé la mission Artemis 2.

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Le Space Launch System de la NASA transportant la capsule Orion, sur sa rampe de lancement du Kennedy Space Centre en Floride. Photo: Joel Kowsky, NASA

Falcon Heavy a elle aussi sa «capsule». Starsphip, un engin beaucoup plus gros qu’Orion, destiné à transporter plus de gens ou plus de matériel. C’est en théorie ce Starship qui doit assurer le succès de la mission Artemis 3, en 2025. Non pas en orbite lunaire, mais sur la Lune. Ainsi que, peut-être, Artemis 4 en 2028.

Toutefois, en vertu du contrat signé entre SpaceX et la NASA, l’engin doit, avant cela, faire ses preuves. Il doit se rendre trois fois autour de la Lune, sans occupants, et s’y poser une fois, toujours sans occupants, selon un décodage du contrat réalisé par le blogue Space Scout.

Le retard qui s’accumule

À l’origine, lors de la signature du contrat, le premier de ces lancements véritablement réussis aurait dû avoir lieu au milieu de 2022. Le programme est donc en retard de près d’un an.

Et ce n’est pas tout. La quantité de carburant nécessaire à arracher Super Heavy à son site de lancement est telle que le programme prévoit la mise en orbite terrestre de réservoirs de carburants, pour lui permettre de poursuivre sa route jusqu’à la Lune.

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Aux quatre lancements nécessaires pour respecter le calendrier d’ici 2025, il faut donc en ajouter un nombre indéterminé d’autres.

Lune-Orion
Représentation d’artiste de la capsule Orion en orbite lunaire. Illustrations: NASA

Longue liste de problèmes

Autrement dit, le «succès» du 20 avril rappelle qu’il reste beaucoup d’étapes à franchir.

Par exemple, sur les 33 réacteurs, trois ne se sont pas allumés avant le décollage. Un quatrième a cessé de «communiquer» avec le sol une trentaine de secondes plus tard. Il a fallu 40 secondes entre l’ordre d’autodestruction et le moment où la fusée s’est finalement autodétruite. La liste des problèmes recensés par le journaliste Michael Sheetz est trois fois plus longue.

C’est en plus du fait que le Starship est en bonne partie, pour l’instant, une coquille vide, sans équipement à l’intérieur, contrairement à Orion.

Dans l’immédiat, le succès du Space Launch System et d’Orion laisse donc croire, contrairement aux annonces officielles de la NASA, qu’il se pourrait qu’Artemis 3 repose sur les engins de la NASA, plutôt que sur ceux de SpaceX – en dépit du contrat de 2,9 milliards $ signé avec cette dernière.

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Auteurs

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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