Souvenirs d’un marathon d’écriture

Mireille Messier et Daniel Soha ont participé aux 24 heures du roman

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Publié 02/11/2015 par Constance Longobardi

«L’association des auteurs de l’Ontario français a fait un appel pour un projet qui semblait un peu fou. Sur un coup de tête, j’ai posé ma candidature.» Et Mireille Messier s’est retrouvée embarquée à bord d’un train, les 23 et 24 octobre, en compagnie de 23 autres auteurs, pour écrire un roman sur Samuel de Champlain.

Ce défi littéraire, un projet oulipien initié à Toronto par Anne Forrest-Wilson, s’inscrivait dans le cadre du 400e anniversaire de la présence francophone en Ontario. Il réunissait des Ontariens, Québécois, Acadiens, Améridiens et Français. Après une semaine chargée en émotions, Mireille Messier et Daniel Soha, une Québécoise et un Français établis dans la ville-reine depuis longtemps, reviennent sur leur expérience en entrevue à L’Express.

«Ce qui m’a séduit, c’est la difficulté. Habituellement, je déteste travailler sur commande et être limité dans le temps. La fonction de l’écriture est par excellence la liberté», explique Daniel Soha.

«Plus je recevais d’informations, plus je commençais à m’inquiéter. Allais-je vraiment y arriver? », se rappelle Mireille Messier. L’auteur en littérature jeunesse venait alors tout juste de s’inscrire au projet et ignorait qu’elle devrait écrire sur la légende de la Gougou. «Dans mon chapitre, Champlain n’est pas présent comme tel. Il aurait conté cette légende à un marin», déclare t-elle.

Daniel Soha, lui, a écrit sur la bataille du lac Champlain: «Je me suis mis dans la peau d’un arquebusier. En filigrane, il y a le monstre du lac. J’ai écrit cela sous une forme humoristique. L’arquebusier n’a pas envie d’être là. Il le fait pour éponger ses dettes mais finit par fortement nuancer son jugement sur les Indiens.»

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De Moncton à Toronto

Première étape de l’aventure: Moncton en Acadie. «Nous nous sommes rencontrés en petits groupes pour parler de ce qu’on aimerait faire, raconte Mireille Messier. Nous devions aussi faire des recherches afin de trouver des petits détails.

«Nous devions aussi faire des recherches afin de trouver des petits détails. Une équipe d’étudiantes recherchistes pouvait nous donner un coup de pouce.»

Les auteurs se sont ensuite rendus à Halifax: «Nous avons fait une réunion à la grande bibliothèque. Nous nous sommes assis en rond et chacun a raconté le début, le milieu et la fin de son chapitre. À partir de là, j’ai commencé à avoir des papillons», se souvient Mireille Messier.

Quand les auteurs sont montés à bord du train L’Océan, de Via Rail, en direction de Toronto, l’écriture s’est imposée à eux avec une commande de 2600 mots. «Le premier mot devait sortir à bord du train, pas avant», explique Daniel Soha.

«Nous avions chacun une cabine longue et mince, décrit Mireille Messier. Nous n’avions pas le wifi et je n’avais pas non plus mes dictionnaires. Aussitôt que le train est parti, le chrono a commencé. Je paniquais un peu. C’est la première fois que j’écrivais pour des adultes.»

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Si 12 heures d’écriture étaient officiellement annoncées, Daniel Soha n’en compte que 9, «en enlevant le temps des repas».

«Un état second»

Ecrire à bord d’un train en un temps limité, c’est une première pour les auteurs. «Cela force la note. En bout de ligne, l’œuvre a une énergie différente. Qui sait? Peut-être que ce sera un nouveau genre littéraire», affirme Mireille Messier.

«J’étais dans un état second. Je ne prêtais pas attention au confort physique», ajoute Daniel Soha.

Face à l’urgence, les auteurs n’étaient pas tous égaux: «À 14 h, l’un de nous avait terminé son chapitre!», s’exclame Mireille Messier. «C’étaient des marathoniens. J’étais angoissée par les rumeurs des résultats. Mais au dîner, nous étions tous à peu près à 1500 mots», ajoute t-elle.

À minuit, fin du marathon. Les correcteurs ont succédé aux auteurs pour relire les chapitres et les ajuster. «Le lendemain, j’ai senti un soulagement. On riait plus facilement. C’était comme le repos du guerrier» (rires), raconte Mireille Messier.

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«Vitrine pour les auteurs»

Et si c’était à refaire? «L’attrait de la chose, c’est de faire quelque chose qui n’a jamais été fait… Cependant, je suis prêt à m’engager avec tous les auteurs, dans n’importe quelle aventure», souligne Daniel Soha.

Plus positive, Mireille Messier  affirme: «Je serais certainement partante pour le refaire! En attendant, je vais peut-être écrire un journal des coulisses. Mais pas en 24 heures!»

Le roman Sur les traces de Champlain, publié par Prise de Parole, sera en librairie à partir du 16 novembre. Daniel Soha, lui, a déjà lu les épreuves: «Je suis émerveillé par le résultat. Le roman est d’une grande qualité. J’espère avoir moi-même été à la hauteur.»

Mireille Messier ne manque plus non plus de complimenter le livre: «Chaque tableau aura sa propre saveur. C’est aussi une vitrine pour les auteurs.»

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