«L’association des auteurs de l’Ontario français a fait un appel pour un projet qui semblait un peu fou. Sur un coup de tête, j’ai posé ma candidature.» Et Mireille Messier s’est retrouvée embarquée à bord d’un train, les 23 et 24 octobre, en compagnie de 23 autres auteurs, pour écrire un roman sur Samuel de Champlain.
Ce défi littéraire, un projet oulipien initié à Toronto par Anne Forrest-Wilson, s’inscrivait dans le cadre du 400e anniversaire de la présence francophone en Ontario. Il réunissait des Ontariens, Québécois, Acadiens, Améridiens et Français. Après une semaine chargée en émotions, Mireille Messier et Daniel Soha, une Québécoise et un Français établis dans la ville-reine depuis longtemps, reviennent sur leur expérience en entrevue à L’Express.
«Ce qui m’a séduit, c’est la difficulté. Habituellement, je déteste travailler sur commande et être limité dans le temps. La fonction de l’écriture est par excellence la liberté», explique Daniel Soha.
«Plus je recevais d’informations, plus je commençais à m’inquiéter. Allais-je vraiment y arriver? », se rappelle Mireille Messier. L’auteur en littérature jeunesse venait alors tout juste de s’inscrire au projet et ignorait qu’elle devrait écrire sur la légende de la Gougou. «Dans mon chapitre, Champlain n’est pas présent comme tel. Il aurait conté cette légende à un marin», déclare t-elle.
Daniel Soha, lui, a écrit sur la bataille du lac Champlain: «Je me suis mis dans la peau d’un arquebusier. En filigrane, il y a le monstre du lac. J’ai écrit cela sous une forme humoristique. L’arquebusier n’a pas envie d’être là. Il le fait pour éponger ses dettes mais finit par fortement nuancer son jugement sur les Indiens.»