Sommet de la Francophonie: les organismes canadiens font entendre leur voix

Sommet de la Francophonie
Les chefs d'État ou de gouvernement des pays de l'Organisation internationale de la Francophonie, devant le château de Villers-Cotterêts. Photo: OIF
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Publié 12/10/2024 par Marine Ernoult

La francophonie canadienne en milieu minoritaire a profité du 19e Sommet de la Francophonie pour faire connaître sa réalité, méconnue à l’international. Mais les organismes tentent de changer la situation, alors que la Nouvelle-Écosse a obtenu le statut d’observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Quelles que soient leurs ambitions, les organismes de la francophonie canadienne se heurtent à un problème de taille: ils restent encore largement méconnus en dehors des frontières du pays.

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Martin Théberge. Photo: courtoisie

«Il y a une certaine compréhension que le français existe à l’extérieur du Québec, mais les gens ne comprennent pas nécessairement les nuances, le fait qu’il s’agit d’une langue minoritaire», explique le président de la Société nationale de l’Acadie (SNA), Martin Théberge.

«Il y a un gros travail d’éducation et de sensibilisation à faire pour que les gens nous connaissent et pensent à nous quand ils veulent nouer des partenariats», ajoute le président-directeur général par intérim de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), Martin Normand.

Les organismes communautaires ont profité du Sommet organisé par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à Villers-Cotterêts, au Nord de Paris, pour changer la donne. Les 4 et 5 octobre derniers, ils ont multiplié les rencontres avec des responsables politiques français et des acteurs et actrices de la société civile de divers horizons.

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Le président de la France, Emmanuel Macron. Photo: OIF

«C’était important qu’on soit à Paris pour renforcer nos liens avec le reste de la francophonie, ça représente un potentiel énorme», confirme la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy.

«Ça nous ouvre de nouveaux canaux de communication, de nouvelles collaborations. Ça élargit notre cercle d’influence», poursuit Martin Théberge.

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Denise Comeau Desautels. Photo: courtoisie

Le Sommet de la Francophonie 2024

Durant deux jours, les 88 États et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont débattu de la place des femmes, de l’importance de l’entrepreneuriat, de culture, de technologie ou encore de la guerre au Liban.

Les gouvernements du Canada et du Nouveau-Brunswick, membres de plein droit de l’OIF depuis les années 1970, mais aussi celui de l’Ontario, membre observateur depuis 2016, étaient présents à cette grand-messe de la francophonie internationale.

La Nouvelle-Écosse, nouveau joueur à la table

Preuve que la francophonie canadienne renforce son poids diplomatique, la Nouvelle-Écosse a obtenu son statut d’observateur auprès de l’OIF au cours du Sommet.

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Darrell Samson. Photo: Francopresse

«Grâce aux Acadiens, la province devient un joueur sur la scène internationale et s’engage davantage dans la francophonie mondiale», se réjouit le député fédéral libéral de Sackville–Preston–Chezzetcook en Nouvelle-Écosse et membre de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), Darrell Samson.

«Ça nous ouvre des portes un peu partout. Nous allons développer de nouveaux liens et partenariats dans les domaines de la culture, de l’éducation, de l’économie», renchérit la présidente de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), Denise Comeau-Desautels.

Liane Roy met cependant en garde: «C’est un bon début, mais tout va dépendre de ce que le gouvernement provincial va faire de cette participation, du rôle plus ou moins actif qu’il va vouloir jouer.»

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Peter Hominuk. Photo: courtoisie

En Ontario, le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Peter Hominuk, pense déjà à la suite. Il aimerait que la province devienne membre de plein droit de l’OIF, à l’image du Nouveau-Brunswick.

«Notre voix est amplifiée [quand nous sommes plusieurs à participer]. Les Franco-Ontariens sont reconnus comme un joueur qui compte, ça nous ouvre des opportunités économiques et ça peut même encourager l’immigration francophone», affirme-t-il.

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Une «réelle capacité d’influence»

Pour Martin Théberge, prendre part au Sommet donne une «réelle capacité d’influence». «On peut porter nos messages clés auprès du premier ministre Justin Trudeau et des politiques.»

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Liane Roy. Photo: Chantallya Louis, Francopresse

Les communautés francophones en situation minoritaire ont fait de la diplomatie civile un axe central de leur action sur la scène internationale. La SNA et la FCFA font notamment partie de la Conférence des organisations internationales non gouvernementales de la Francophonie (COING) de l’OIF. La FCFA a récemment été élue au sein du comité de suivi.

Liane Roy considère qu’il s’agit d’«une vraie reconnaissance» du travail mené depuis des années: «En tant que structure de la société civile, nous jouons un rôle pour faire entendre la voix des femmes, des jeunes, des minorités à l’étranger.»

«On est arrivé à un point d’inflexion, avertit néanmoins Martin Normand. Les instances politiques souhaitent [que les organismes communautaires] prenne[nt] plus de place, mais nous avons des moyens limités pour le faire. Pour nous engager davantage, il nous faut des sources de financement supplémentaires.»

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Simon Thériault. Photo: Annie-France Noël

Le président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), Simon Thériault, estime, lui, que le Canada doit pousser davantage pour que la jeunesse soit écoutée au sein des instances de la francophonie internationale : «Notre modèle canadien par et pour les jeunes est très convoité, il faut en faire profiter d’autres pays.»

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La FJCF s’investit notamment pour que le Réseau international de la jeunesse de la Francophonie (RIJF), créé en octobre 2022, soit mieux financé et plus actif.

Diplomatie culturelle

Dans la déclaration finale du 19e Sommet de la Francophonie, les chefs d’État et de gouvernement rappellent leur attachement au rôle de la société civile «au bénéfice des populations et de la Francophonie institutionnelle».

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Martin Normand. Photo: courtoisie

Ils soulignent également l’importance de faciliter les échanges entre les chercheurs et les étudiants dans le cadre de projets de mobilités. «Ce travail résonne avec notre volonté de valoriser et promouvoir le savoir scientifique en français», salue Martin Normand.

Concernant la question du manque de professionnels de l’éducation, les responsables politiques évoquent le développement «d’actions de formations linguistiques et pédagogiques, afin d’augmenter significativement le nombre d’enseignants».

«La FCFA a beaucoup poussé pour le sujet. Le Canada va travailler en partenariat avec l’OIF pour trouver des solutions durables, favoriser la mobilité des cerveaux et l’échange des connaissances sur la formation des enseignants», relève Liane Roy.

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Le premier ministre canadien Justin Trudeau au sommet de la Francophonie 2024. Photo: OIF

Aux yeux de Peter Hominuk, la diplomatie culturelle reste une autre manière de renforcer la présence de la francophonie canadienne dans le reste du monde: «Nos artistes sont nos porte-voix, ils sont capables de faire rayonner notre culture à l’extérieur.»

Le directeur de l’AFO parle également des possibilités de diffuser dans le monde des outils pédagogiques spécifiques à l’enseignement du français en milieu minoritaire.

De son côté, Simon Thériault espère convaincre Ottawa d’organiser un prochain Sommet de la Francophonie dans une communauté en situation minoritaire. «Ce serait la meilleure manière d’être plus visible et de promouvoir notre langue», assure-t-il.

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