Slam : une voix pour trouver sa voie

Claudia Lahaie, Les voies du slam
Claudia Lahaie, Les voies du slam, roman, Ottawa, Éditions David, collection 14/18, 2022, 316 pages, 17,95 $.
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Publié 11/03/2023 par Paul-François Sylvestre

Santé mentale, racisme systémique, homophobie, autant de thèmes qui se juxtaposent dans Les voies du slam, premier roman de Claudia Lahaie.

Trois ados provenant de villes différentes – Montréal, New York, Londres – participent à un concours international de slam dont la finale se déroule à Paris. La voix de chacun permet de trouver sa voie.

Le mot slam provient de l’expression anglaise slam poetry. Il s’agit d’une forme de poésie orale rythmée, urbaine, qui prône des valeurs de partage et de dépassement des barrières sociales.

Contrairement au rap, les rimes ne sont pas obligatoires dans le slam, et il n’y a pas de musique. Pas de décorations lumineuses ou vestimentaires, pas d’accessoires non plus. En anglais, slam veut dire claquer.

Slam à messages

Les trois ados sont Justine (Montréal), Mano (New York) et Luc (Londres).

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Le père de Justine s’est suicidé et elle est confrontée à des montagnes russes, entre périodes de dépression et d’euphorie.

Mano est un jeune Haïtien qui vit à Harlem et qui se rebelle contre la brutalité d’une force policière raciste.

Luc est le fils de l’ambassadeur français à Londres et se demande comment avouer à ses parents qu’il est attiré par les garçons.

Chaque ado a un puissant message à communiquer. C’est pour cela que tous les trois s’inscrivent au concours de slam organisé par MétroNumb. Ils figurent parmi les finalistes, tout comme des jeunes de la Belgique, du Maroc et de la France.

Le concurrent français est aussi homosexuel, mais avoue à Luc qu’il n’a pas le courage de l’avouer publiquement. Luc lui répond que ce n’est pas une question de courage mais plutôt de nécessité. «C’est le slam qui m’a sauvé.»

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Ordre et normalité

L’ordre d’apparition des finalistes est tiré au sort et Luc est le premier à s’avancer sur la grande scène du Théâtre Trianon.

L’ado dit comment il se perd dans la fiction pour oublier sa réalité, se demandant pourquoi il n’est pas «normal» comme les autres jeunes garçons.

Puis il fait volte-face et clame sa fierté. Il s’accepte, s’embrasse et rappelle que sous le désarroi, le dédain ou le dégoût, il y a toujours place pour l’amour.

Prisonnière d’une maladie, alternant entre pilule de Paxil et de Lithium, Justine émerge d’un monde anarchique et illogique. Elle trouve la force de colmater les brèches qui fracturent la santé de son âme.

Par-delà les souffrances et les échecs, Justine apprend à sourire à la vie.

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Dénoncer les injustices

Mano participe au concours pour dénoncer les injustices commises à l’endroit des Noirs. Le Haïtien a d’abord ressenti un profond malaise chaque fois qu’il tentait d’affirmer son identité.

Son slam déplore que des gens sont battus, arrêtés et privés de leur histoire à cause d’un accent et de la couleur de leur peau. L’ado méprise le système et clame haut et fort qu’il refuse dorénavant de s’y laisser engloutir sans réagir.

Je ne vais pas vous dévoiler la ou le lauréat. Je dirai tout simplement que le jury a été envoûté par le courage des jeunes, par leur vécu, par la profondeur de leurs textes et par leurs habiletés littéraires.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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