Simple Plan: une formule gagnante depuis près de 25 ans

Entretien avec Chuck Comeau, batteur de la formation québécoise

Simple Plan
Les membres de Simple Plan foulent les planches depuis 1999. Photo: Chris Young
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Publié 23/11/2022 par Cindy Caron

Récemment de passage à Toronto, le groupe québécois Simple Plan a fait un tabac à l’Aréna Banque Scotia en compagnie de la formation américaine The Offspring. Le batteur Chuck Comeau s’est entretenu avec l-express.ca quelques jours après leur spectacle, alors qu’il sillonnait encore les routes du Canada dans le cadre de la tournée Let The Bad Times Roll.

Une tournée canadienne qui fait du bien

Le bonheur s’entendait dans la voix du musicien. Après avoir vu leur tournée canadienne être annulée et la sortie de leur nouvel album Harder Than It Looks reportée d’un an et demi en raison de la pandémie, les gars de Simple Plan étaient contents de pouvoir enfin renouer avec le public canadien. 

«C’est vraiment l’fun de revenir à la maison et faire des shows au Canada. Ça faisait vraiment longtemps et on s’était ennuyé de jouer ici.»

«On a vraiment une connexion spéciale avec les fans au Canada. C’est ici qu’on a commencé, c’est ici que tout s’est joué au début. Le show de Toronto était vraiment cool. C’est une ville qu’on adore donc c’est toujours l’fun de revenir.»

Chuck Comeau
Chuck Comeau lors du spectacle à l’Aréna Banque Scotia. Photo: Chris Young

«De faire des shows avec Offspring aussi, c’est unique parce que c’est vraiment le premier band qui nous a fait découvrir le style punk rock. Notre chanteur Pierre écoutait des films de snowboard et leur musique était dedans. C’est là qu’on est tombé en amour avec eux et leurs chansons.»

«Aujourd’hui, presque 30 ans plus tard, d’être en tournée avec eux, de les côtoyer, leur parler, les voir jouer chaque soir, c’est pas mal cool et on est heureux de pouvoir faire ça.» 

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Simple Plan de retour sur scène après une pause forcée

Avant d’entamer sa tournée canadienne, Simple Plan a parcouru l’Europe et les États-Unis durant des mois avec le groupe torontois Sum 41. Pas de répit pour les musiciens après avoir été forcé de tout mettre sur pause.

«De pouvoir être sur la scène à nouveau après presque deux ans à ne pas pouvoir faire des spectacles, de pouvoir goûter à tout ça à nouveau, ça te fait vraiment apprécier toutes les expériences et interactions.»

«On réalise que, pas qu’on le prenait pour acquis, mais on faisait des shows et c’était notre vie. Mais quand ça a disparu pendant quelques années, tu viens à mieux saisir à quel point on est privilégiés, chanceux de pouvoir faire ça et on l’apprécie plus que jamais.»

Nouvel album en poche

Les Québécois sillonnent les routes du monde avec du nouveau matériel en poche. Le groupe, qui a vendu plus de 10 millions d’albums en carrière, a sorti son sixième album Harder Than It Looks le 6 mai dernier.

«On a écrit l’album en 2018-2019 et on l’a enregistré en 2019. Ça a pris six mois environ et on l’a terminé quelques semaines juste avant que le monde change profondément.»

«On a été un peu chanceux parce qu’on a été en mesure de faire l’album de la bonne façon. Tous ensemble dans un studio, et non en ligne.»

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«C’était un peu bizarre et plate quand la covid est arrivée. On se préparait à une grosse tournée et à lancer notre nouvelle musique, donc de tout mettre sur pause et de garder la musique secrète pendant presque un an et demi était étrange.»

«On trouvait que ce n’était pas le moment approprié de sortir les chansons quand la pandémie a commencé. Les gens n’avaient pas la tête à ça, donc on a décidé d’attendre.»

«Ce qui est cool maintenant est qu’il y a une nouvelle vague de pop punk et les gens trip là-dessus plus que jamais donc c’est un bon timing. On peut enfin faire des shows, voir nos fans, faire des entrevues et donner une chance à la musique de se faire entendre comme elle se doit», disait-il avec fébrilité. 

La clé de leur longévité selon Comeau

Pierre Bouvier, Chuck Comeau, Sébastien Lefebvre et Jeff Stinco ont formé Simple Plan en 1999 et sont toujours aussi soudés.

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«C’est une fierté pour nous. On a toujours gardé le cap et continué à jouer. On a encore du fun, on a toujours aimé ce qu’on fait, et on a toujours trouvé des façons de communiquer et trouver des solutions si quelqu’un n’était pas content. C’est ça la clé!»

«Y’a beaucoup de bands pour qui des fois ce n’est pas facile. Il faut trouver des stratégies pour que tout le monde soit bien là dedans, se sente écouté, valorisé et nous avons porté beaucoup d’attention là-dessus.»

«C’est quand même assez unique. C’est sûr qu’on est encore chanceux de bien s’entendre, d’avoir les mêmes objectifs et les mêmes buts avec le groupe. On a tout fait pour trouver des façons de s’entendre et je pense que c’est pour ça que nous sommes encore là aujourd’hui.»

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Les comparses Chuck Comeau et Pierre Bouvier. Photo: Chris Young

Simple Plan a tiré des leçons de Reset

Le chanteur Pierre Bouvier et le batteur Chuck Comeau formaient le groupe Reset lorsqu’ils étaient adolescents. Ils ont beaucoup appris de cette époque, ce qui a nettement aidé à la longévité de Simple Plan.

«Ouais c’est spécial. On s’est rencontré à l’école et on a commencé à jouer à 13-14 ans, donc ça va faire 30 ans bientôt. C’est quand même assez unique.»

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«On s’était beaucoup chicané dans ce temps-là, et le band en avait souffert et s’était séparé. Le fait d’avoir eu cette expérience-là à 16-17 ans, ça a été la meilleure chose qui pouvait nous arriver.»

«Ça nous a montré ce qui pourrait arriver si on ne trouvait pas une façon de bien s’entendre. Quelque chose de très précieux et important pour nous pourrait disparaître. Ça a été une grande leçon de vie pour nous.»

«Si ce n’était pas arrivé, peut-être que ça aurait été plus difficile pour Simple Plan. Mais on savait qu’on ne voulait pas que ça arrive à ce groupe là, donc on a tout fait pour le protéger. Je pense que c’est pour ça que nous sommes encore là aujourd’hui.»

Un scandale qui aurait pu faire très mal au groupe

Le bassiste de la formation, David Desrosiers, a quitté le groupe après avoir été écorché par les allégations à caractère sexuelles à l’été 2020. Simple Plan embauche maintenant plusieurs femmes dans son équipe.

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«Ça a été le moment le plus difficile de toute notre carrière. Ça a été assez dévastateur pour nous. La façon qu’on l’a approché, on a choisi de prendre une situation très négative et de la tourner en une chose positive. De voir ça comme une façon d’évoluer, de grandir, d’apprendre et de faire les choses mieux.»

«Nous avons maintenant 3-4 femmes dans notre équipe de tournée, et nous aurions dû faire ça avant. On est fiers d’avoir pris cette approche-là.»

«Oui, ça a été inquiétant. On s’est dit, si on fait les choses correctement, les fans vont voir notre sincérité là-dedans, voir qu’on a le coeur a la bonne place et qu’on veut faire les choses correctement et mieux. C’est ça qu’ils voient aujourd’hui et ça a été super positif. Les gens ont vraiment apprécié notre transparence face à ça.»

Nul n’est prophète en son pays

Malgré un contrat de disque en poche, des millions d’albums vendus et des salles combles partout dans le monde, les médias québécois ont mis des années a réaliser l’ampleur du succès du groupe à l’étranger. Chose qui a dérangé les gars au début. 

«On avait beaucoup de fans au Québec dès le début, mais on trouvait que les médias en général ne portaient pas beaucoup d’attention au band. Comme si y’avait un peu d’ignorance qu’on venait de Montréal, du Québec, qu’on était un band qui avait des racines vraiment profondes dans la province. Comme si les gens ne le savaient pas ou l’ignoraient.»

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«Ça a vraiment changé quand on s’est fait inviter à Tout Le Monde En Parle en 2004-2005 avec notre 2e album. C’est vraiment là que tout a changé.»

«Les gens ont découvert notre histoire. Donc, je donne beaucoup de crédit à cette émission-là pour avoir un peu transformé la perception que les gens avaient de nous, d’avoir fait connaître notre histoire.»

«C’était un peu frustrant. Des fois on lisait « tel artiste a fait un spectacle à Paris devant 300 personnes, un triomphe! » On se disait: voyons, on a vendu 3 millions d’albums, on fait des arénas partout dans le monde et personne en parle…», ajoute Comeau.

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À ce jour, le groupe a vendu plus de 10 millions d’albums dans le monde. Photo: Chris Young

Projets et défis

«On a pas encore tout annoncé, mais on a plusieurs spectacles partout dans le monde. Nous partons au Japon en mars, on va aussi faire des shows au Canada, dans des festivals, on veut définitivement aller voir les gens et aller jouer pour eux parce qu’on a été privé de ça pendant longtemps.»

«On sait que nos premiers albums ont eu un impact sur beaucoup de monde. Vingt ans plus tard, d’essayer d’être d’actualité, c’est encore ça le gros défi», conclut-il.

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