La littérature sur l’intersexualité, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les droits des minorités sexuelles est beaucoup plus répandue en anglais qu’en français, espagnol, portugais, hindi ou arabe. La traduction est donc monnaie courante. Jusqu’à maintenant, peu de traducteurs s’étaient réunis pour échanger sur les défis que posent «le sexe et la traduction». Un forum à Mexico a récemment changé la donne.
Comme je traduis souvent des textes sur les droits de la personne reliés à l’orientation sexuelle et l’identité de genre, j’ai été invité à une rencontre les 19 et 20 février à Mexico. Nous étions neuf participantes et participants représentant autant de pays: Mexique, Guatemala, Argentine, Brésil, Chine, Inde, Liban, États-Unis et Canada.
J’étais le seul qui traduit vers le français; les autres langues étaient l’espagnol, le portugais, l’arabe, le hindi et le mandarin. La rencontre se tenait sous l’égide de Mulabi, une agence espagnole de traduction, basée en Argentine.
Il appert, selon les échanges entre traducteurs et traductrices, que la littérature sur la sexualité a souvent tendance à être académique. Elle ne tient pas toujours compte des différences culturelles, sociales, politiques ou religieuses. Les concepts sont parfois décrits en noir et blanc. Il manque de nuances.
Au Guatemala, où il y a 24 langues ou dialectes, l’influence de la religion catholique est omniprésente. S’ajoute à cela le courant fondamentaliste qui se propage peu à peu. Cela colore inévitablement le dire sexuel. Quand on parle de «genre» on ne se réfère pas exclusivement à masculin (M) ou féminin (F). On touche carrément à l’identité d’une personne. Dans ce contexte, M veut parfois dire Mucho et F peut signifier Frecuente.