Si après une campagne électorale, un scrutin hivernal et un changement de gouvernement vous avez encore soif de politique, je vous propose de lire Transfuges, le tout-dernier roman de Luc Bertrand. Vous ne serez pas déçus, loin de là! L’ouvrage mêle sexe, argent et politique, trois ingrédients essentiels à la construction d’une intrigue réussie. L’auteur ajoute une pincée de mafia, une rasade de crime organisé et – comme si cela n’était pas suffisant – une tasse de débat constitutionnel. Quelle recette!
Luc Bertrand a passé cinq ans au bureau du premier ministre Robert Bourassa. L’action de son roman se situe donc dans un milieu qu’il connaît bien. On y retrouve des anciens premiers ministres, un chef de parti souverainiste, un chef de gouvernement fédéraliste et un député «dévoué à sa cause et en apparence discret, mais avide d’intrigues, dangereusement ambitieux et passé maître dans l’art de la manipulation». On découvre aussi une Ligue du Canada qui ressemble beaucoup à Option Canada.
Au cœur de l’intrigue figure Marc Rivard, ancien premier ministre qui est perçu comme un homme dont l’intégrité n’a jamais été entachée. Les révélations d’un policier fédéral ont l’effet «de départir Rivard d’une grande part de l’idéalisme qu’il avait toujours éprouvé à l’égard de la politique».
Le policier lui fait découvrir l’existence d’un monde d’intrigues, de complots et d’activités souterraines dont il ne pouvait jamais soupçonner l’existence. Ce policier résume ainsi le travail mené par une cellule d’agents fédéraux au Québec: espionnage, écoute électronique non autorisée, cambriolage, infiltration et fabrication de faux. Cette cellule a même recours à des éléments du crime organisé pour arriver à ses fins.
Transfuges est à la fois un roman policier et un roman d’espionnage. L’action se déroule dans les arcanes du pouvoir, dans les backrooms de la mafia et dans une cour de justice. Cette dernière entend des révélations qui ont l’effet d’une immense charge de dynamite. Un témoin n’hésite pas à clamer que «c’est de la merde, de la pure merde… Je pense qu’il y a quelqu’un qui doit la brasser pour ouvrir les yeux des gens…» Surtout que le premier ministre s’apprête à vendre les Québécois «pour une bouchée de pain moisi».