«Il était une fois une vieille bergère et ses cent chèvres dans le petit village de Saint-Icitte.» Ainsi commence le conte Saint-Icitte du bout du monde, de Katrine Parent. Cet endroit ne figure sur aucune carte; il peut s’agir de votre propre village ou ville, de votre propre quartier ou école… À travers ses mots colorés, l’auteure nous livre une puissante allégorie contre l’ostracisme et l’intolérance.
Deux petits écriteaux plantés à chaque extrémité du village délimitent le territoire de Saint-Icitte. «Deux petits écriteaux qui ne peuvent être lus que de l’intérieur du village, ce qui en dit long sur son hermétisme.»
Un jour, une bergère débarque avec ses cent chèvres et élit domicile sur la petite butte qui surplombe le village, Pas un habitant ne voit l’événement d’un bon œil. La nouvelle venue est appelée l’étrangère, la bohémienne, la vieille bergère ou la sorcière. On n’apprendra son prénom qu’à la page 196 (il rime avec bergère).
Tous les personnages du conte ont des noms truculents qui décrivent leur métier ou leur caractère. En voici quelques exemples: mémé Conome, Judith Cieuse, le docteur Père Oxide, le vendeur Yvan Detoutte et son épouse la mère Cantille, le météorologue Timée Théo et son épouse la belle Aurore Boréale, la boulangère Sarah Zinne, la cuisinière Laura Tatouille qui travaille à l’auberge La Mère Aboire.
Les jeux de mots sont fort nombreux et originaux. Les enfants de Saint-Icitte, par exemple, sont des «enfantastiques».