Samuel de Champlain: une biographie passionnante

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Publié 28/06/2011 par Gabriel Racle

Et l’on pourrait multiplier ces qualificatifs au vu et à la lecture de cette biographie de Champlain, que nous proposent les éditions Boréal, avec la somptueuse traduction française par le romancier Daniel Poliquin de l’ouvrage de l’historien étatsunien David Hackett Fischer, Champlain’s Dream.

L’ouvrage

Le rêve de Champlain, Boréal, 2011, 1000 p., impressionne d’abord par son volume. Mais il n’y a pas lieu de s’effrayer du nombre de pages. La biographie proprement dite, qui occupe les 600 premières pages, est divisée en cinq sections qui peuvent se lire tranquillement, d’autant que des cartes et des illustrations en parsèment le cours.

Une quinzaine d’annexes complètent le tout, ainsi qu’un précieux index, très utile pour faire des recherches. Un ouvrage pratique, accessible, lisible.

Ce qui est tout aussi remarquable, c’est la somme de travail qu’il a fallu à l’auteur pour nous présenter une biographie aussi fouillée, aussi complète, aussi scientifique, tout en faisant un livre d’histoire qui se lit presque comme un roman.

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Et cette histoire, c’est celle du «Père de la Nouvelle-France», du Canada français en particulier. C’est, comme l’écrivait le critique du National Post, «Un livre que chaque Canadien devrait avoir dans sa bibliothèque», a fortiori chaque Francophone.

La biographie

L’auteur s’est rendu à Brouage, petite vile de l’ouest de la France, où naquit Samuel de Champlain à une date inconnue, les historiens en proposant quatre: 1564, 1567, 1570, 1580.

De Brouage à Québec, où Champlain décède le 25 décembre 1635, le biographe nous fait revivre non seulement le parcours géographique d’un Champlain explorateur, mais aussi son ambitieux projet, son rêve, une Nouvelle-France en Amérique du Nord.

À cet égard, les titres des sections sont significatifs: I Un chef en devenir, II Exploration de l’Acadie, III Fondateur de Québec, IV Le bâtisseur de la Nouvelle-France, V Le père du Canada français. Le seul énoncé de ces titres invite déjà à en prendre connaissance.

Et au-delà des péripéties géographiques, l’auteur veut nous sensibiliser au grand dessein de Champlain, à son projet politique et social.

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Lorsque «L’infatigable rêveur» (titre du chapitre 11) est de retour en 1633, à bord du vaisseau amiral le Saint Pierre, «Champlain ne voulait pas se lancer dans une conquête française de l’Amérique du Nord qui aurait été menée par la force brute ou y bâtir un empire sédentaire à la manière britannique. Ce qu’il voulait, c’était vivre en harmonie parmi les Indiens et collaborer avec eux à l’instauration d’une paix durable.»(p. 533)

Et un chef huron faisait, de manière imagée, écho à ce dessein: «Les Français n’étant plus ici, la terre n’était plus la terre, la rivière n’était plus la rivière, le ciel n’était plu le ciel : mais au retour du sieur de Champlain, tout était retourné à son être, la terre était devenue terre, la rivière était devenue rivière, et le ciel avait paru ciel.» 1633 (p. 513)

Vision

Champlain a lutté pour la réalisation d’un rêve immense, un grand dessein pour la France en Amérique. Pendant trente ans, il a sillonné un territoire que se partagent aujourd’hui six provinces canadiennes et cinq États de nos voisins, tout en menant un combat non moins farouche contre les ennemis de la Nouvelle-France à la cour d’Henri IV d’abord.

Puis, Richelieu, le puissant ministre de Louis XIII, qui succède à Henri IV assassin, ne porte guère attention au projet de Champlain, «ce vieux roturier radoteur qui ne vivait que pour son rêve». (p.535)

Champlain, né dans un pays ravagé par les guerres de religion, poursuivait son idéal: il a encouragé les mariages entre colons et Amérindiens, il a prêché la tolérance envers les protestants, il a inlassablement tenté de maintenir la paix entre les nations indiennes mais, quand il le fallait, il savait prendre les armes et imposer un nouvel équilibre politique, tout à la fois guerrier et habile stratège.

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C’était un visionnaire, surtout si on le compare à ses contemporains anglais et espagnols, un homme qui rêvait d’un monde plus humain et vivant en paix, dans une époque marquée par la cruauté et la violence.

Les rois de France avaient de grands serviteurs à leur service, des visionnaires comme Champlain, comme Vauban, «Qui aurait pu changer le destin du Canada» (L’Express, 9 octobre 2007) si Maurepas, ministre de la Marine de Louis XIV, l’avait écouté, mais leurs ministres ne partageaient pas leurs visions américaines ambitieuses.

Héritage

Il nous reste de Vauban les plans de la citadelle de Québec que les Britanniques finiront par construire. Et «la plus grande réalisation de Champlain n’est pas sa carrière d’explorateur, ni sa réussite comme fondateur. Ce qu’on retient de lui c’est le leadership exemplaire qu’il a mis au service de l’humanité.

C’est ce qui a fait de lui une figure d’envergure mondiale dans l’histoire moderne. C’est l’héritage qu’il nous a laissé à tous.» (p. 614)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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