Salons littéraires et forestiers

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Publié 17/10/2006 par Pierre Léon

Les salons littéraires français ont fleuri au XVIIIe et au XIXe siècle. Les grandes bourgeoises ou nobles conviaient chez elles les écrivains en renom. On discutait littérature dans ces salons. Mais il aurait été bien mal séant de songer à y vendre les livres dont on parlait. Les temps ont bien changé! Dans les réunions littéraires modernes, on ne cache pas les activités commerciales et la réputation d’un auteur se mesure bien souvent au chiffre de ses ventes!

L’approche du Salon du Livre torontois, devenu Festival des écrivains, me rappelle La Forêt des Livres de Chanceaux près de Loches en France, où, l’été, je vais moi aussi vendre mes bouquins depuis quelques années.

L’organisateur de cette fête champêtre littéraire est Gonzague Saint-Bris, que les amateurs de contrepèterie appellent irrespectueusement «Bon zigue Saint-Bras». Il a été maire du pays, connaît tous les politiciens et toute la gent littéraire française, étant lui même écrivain de talent. Il est, en particulier, l’auteur du roman Les vieillards de Brigthon, livre superbe qui a eu le prix Renaudot et dont L’Express avait rendu compte.

Gonzague Saint-Bris a eu l’idée géniale d’organiser sa fête des livres dans l’immense allée jouxtant son château, au coeur de la forêt de Loches. Autre innovation mirifique, il invite là tous les grands prix littéraires de l’année précédente et – comme il a des antennes – ceux… de l’année suivante!

Et puis les vedettes de la télévision, du théâtre ou du cinéma ayant accouché récemment d’une oeuvre littéraire. Une bonne centaine de grands noms. On y rencontre aussi bien Obaldia que Poivre d’Arvor – lui, il arrive modestement en hélicoptère. Il y a là le dernier Goncourt, le prochain Fémina et tous les autres.

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En tant que voisin tourangeau, j’ai eu l’honneur d’être invité comme Prix Rabelais pour mon Sur la piste des Jolicoeur. Mais mon best-seller reste L’Odeur du pain chaud que les visiteurs locaux, sentimentaux quand il s’agit de leur passé, continuent de lire.

Le matin, la fête débute par un concert de cors, devant le pavillon de chasse, et un vin d’honneur de Vouvray pétillant. Après le déjeuner, littéraire et gastronomique – on est au pays de Rabelais – et les pique-niques bien arrosés des visiteurs, les choses sérieuses commencent.

Sur cette avenue d’arbres multi centenaires, vont défiler de 14 à 18 heures, 30 000 personnes, avides de voir, toucher un auteur et repartir avec un livre autographié! Après, ce sera fini jusqu’à l’an prochain. C’est une fête toute en intensité et en raccourci. Vous avez bien lu: 30 000 personnes, sur… 1 kilomètre, en 4 heures! Mais quelle pub superbement orchestrée derrière tout ça!

Saint-Bris, avec un nom pareil, semble très bien avec le ciel. Depuis plus de dix ans, il a toujours fait un temps splendide, ce dernier dimanche d’août, dans la forêt de Loches. Les visiteurs ne cessent d’augmenter et toute cette entreprise, commencée modestement, a pris des proportions nationales.

Je me mets à rêver d’une fête du livre francophone d’une seule journée, sur le Queen’s Park de Toronto, à défaut d’une plus grande forêt. Panorama n’aurait pas arrêté d’interviewer les écrivains, même les journaux anglophones en auraient parlé! La foule se serait ruée. Un déferlement, comme dans le métro aux heures de pointe. Et je vois tout le monde repartir, comme chez Bon Zigue Saint-Bras, avec des brassées de livres. Le bonheur pour les écrivains!

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D’ici là, rendez-vous à l’Atrium de Radio-Canada pour le Festival 2006, les 27 et 28 octobre. Et bon succès à tous!

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