La St-Valentin, une tradition ancestrale

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Publié 12/02/2008 par Gabriel Racle

L’histoire de la Saint-Valentin, une histoire d’amour et par extension une d’amitié.  Mais comment en est-on arrivé là?

Pourquoi un 14 février et pourquoi un saint Valentin est-il mêlé à cet événement? Il n’existe pas de réponse historique claire pour répondre à cette question. La réponse que l’on peut apporter repose sur des hypothèses, des suppositions, des légendes et quelques témoignages plus ou moins avérés.

Origine des traditions de la St-Valentin

Comme c’est bien souvent le cas avec nos traditions, l’origine de la Saint-Valentin remonte sans doute à l’Antiquité. À Athènes, le mois de gamélion (mi-janvier-mi-février), consacré au mariage de Zeus et Héra, était celui des gamélies, les célébrations nuptiales.

À Rome, le 15 février, on célébrait les Lupercales en l’honneur du dieu de la fertilité, des troupeaux et des champs, bref de la fécondité, Lupercus. Cette fête comportait un banquet et, amateurs de jeux de hasard, les Romains en profitaient pour organiser une loterie assez spéciale: chaque jeune fille inscrivait son nom sur un parchemin qu’elle déposait dans une urne et chaque jeune garçon tirait au sort le nom de celle qui devait l’accompagner.

L’histoire de la St-Valentin, une fête païenne

Placée sous la protection de Junon, déesse du mariage, cette tradition était parfois à l’origine de futurs couples. À Athènes comme à Rome, cette époque marque le début du printemps, lorsque les oiseaux entament leurs parades amoureuses. Cette association avec les oiseaux se retrouvera en Angleterre.

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L'histoire de la St-Valentin - Junon déesse de mariage
Le triomphe de Junon par François Lemoyne. Photo: Wikimedia Commons

Mais la survivance à Rome de cette fête «païenne» dérangeait dans un environnement devenu chrétien.

Le pape Gélase Ier aurait décidé, en 495, d’y substituer une célébration chrétienne le 14 février, avec la fête d’un saint Valentin. Même si le fait n’est pas attesté en tant que tel – sa Lettre contre les Lupercales ne le dit pas explicitement – c’est une tradition bien établie de substituer à des fêtes païennes une célébration chrétienne. C’est le cas de Noël fixé au 25 décembre par le pape Libère en 354 ou de la fête de saint Nicolas le 6 décembre pour supplanter celle de la déesse Lucina.

Mais pourquoi proposer un saint Valentin pour une fête de celles et ceux qui s’aiment? On dénombrerait sept Valentin qui auraient leur fête autour du 14 février. Celui qui retient le plus l’attention est un prêtre romain du IIIe siècle. Il aurait vécu du temps de l’empereur Claude II le Gothique. La Légende dorée, un ouvrage rédigé en latin entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, un religieux dominicain de Gênes, qui raconte la vie de 180 saints et martyrs chrétiens, donne une courte explication. Valentin aurait obtenu la confiance de l’empereur Claude.

Un gouverneur jaloux l’aurait calomnié auprès de celui-ci et «le cœur de Claude ayant changé», Valentin est arrêté, confié à la garde d’un magistrat. Mais il aurait rendu la vue à la fille de celui-ci et converti toute sa maison. L’empereur l’aurait alors fait décapiter.

L’histoire du Valentin

Une autre légende raconte que vers 268, l’empereur Claude engagé dans de nombreuses batailles, notamment contre les Goths (d’où son surnom), aurait interdit aux jeunes hommes de se marier, les célibataires faisant de meilleurs soldats. Mais le prêtre Valentin aurait continué de faire des mariages en secret. Dénoncé, il est mis en prison, où il fait la connaissance d’Augustine, la fille de son geôlier, à laquelle il redonne la vue et qui prend soin de lui.

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Reconnaissant, Valentin lui aurait envoyé un message avant d’être exécuté, signé «Ton Valentin». De cet épisode serait née la coutume des messages de la Saint-Valentin. L’histoire est trop belle pour n’être pas une tardive et naïve reconstitution, à la manière des mystères du Moyen-Âge.

Et c’est vraisemblablement au Moyen-Âge que, à partir de ces légendes, la Saint-Valentin est devenue la fête des amoureux. Tous les 14 février, les jeunes gens tiraient au sort – comme lors des Lupercales – le nom de la personne qui serait leur compagne pendant la semaine des festivités et l’accrochaient à leur manche et devaient la protéger l’année durant. Par après, on l’aurait appelé le Valentin et il devait offrir un cadeau à sa belle.

La St-Valentin et ses origines anglaises

Au XIVe siècle, apparaît en Angleterre la tradition d’envoyer une valentine, un message d’amour. On l’associe à la migration des oiseaux, en vertu sans doute d’une croyance selon laquelle les oiseaux étaient non seulement les messagers du printemps, mais aussi ceux de l’amour. Les jeunes filles s’en remettaient alors aux oiseaux pour connaître leur avenir amoureux. Un rouge-gorge présageait un mariage avec un marin, un moineau signifiait un mariage heureux avec un homme peu fortuné et ‘un chardonneret une union avec un homme riche.

histoire de la st-valentin - Carte anglophone de Saint-Valentin
Carte anglophone de Saint-Valentin.
Photo: Wikimedias Commons

Au XVe siècle, Charles d’Orléans, retenu en captivité à Londres pendant 25 ans, aurait introduit la coutume des messages à la cour de France. Mais c’est en 1496 que la Saint-Valentin est devenue officiellement la fête des amoureux.

Au XIXe siècle, les valentines étaient devenues le moyen le plus répandu de déclarer son amour. Vers 1840, des valentines de style victorien firent leur apparition, avec des fioritures, décorées de dentelle, de soie, de fleurs, parfois parfumées.

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En 1848, le papetier Howland a importé d’Angleterre aux États-Unis quelques-unes de ces valentines. Sa femme en a vu l’intérêt et en a lancé, avec succès, la production. Vers la fin du XIXe siècle, les cartes sont devenues un produit commercial de plus en plus répandu. Et, comme c’est toujours le cas des fêtes, la Saint-Valentin a pris le caractère commercial que nous lui connaissons aujourd’hui.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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