Ruée vers les minerais: quel impact pour les populations locales?

Le documentaire d'Izabel Barsive Sous le toit du monde

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Publié 17/02/2009 par Vincent Muller

Jeudi dernier, l’Alliance française de Toronto présentait au public un documentaire produit par la société Médiatique et réalisé par Izabel Barsive. Sous le toit du monde évoque l’impact, sur les peuples autochtones, de la ruée vers les minerais du sous-sol du Nord du pays.

Ce documentaire tourné l’année passée dans le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavik québécois éclaire sur certaines des problématiques des habitants du grand Nord. L’arrivée de missions d’exploration des sous-sols ou la présence d’entreprises qui exploitent déjà les richesses de ces régions a bien entendu un impact sur la vie des habitants.

Dans le passé cet impact était clairement négatif avec des entreprises qui, à leur départ, laissaient des sites pollués et ne prenaient absolument pas en compte les besoins des habitants. Des exploitations menées sans demander l’avis des autochtones ont jadis donné lieu à de nombreuses manifestations de la part de ces derniers. Aujourd’hui toutes les entreprises tentent de les intégrer dans le processus en mettant en avant les intérêts qu’ils ont à en faire partie, avec notamment les emplois à la clef.

À présents consultés, ils sont censés pouvoir influencer la prise de décisions dans l’intérêt de leurs communautés. Cependant de nombreux problèmes se posent et il n’est pas sûr, même si ils font à présent partie du processus de décision, qu’ils aient de réels avantages.

Ce documentaire met, avant tout, l’accent sur le côté humain de la chose, en donnant la parole à des personnages rencontrés sur place, tous passionnés de ces régions, que ce soit des employés des sociétés exploitantes, ou des membres de ces communautés autochtones ou non-autochtones intégrés aux communautés.

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Malgré le fait qu’ils soient consultés, il semblent qu’autochtones et exploitants ne jouent pas à armes égales. Dans ces communautés, le taux de décrochage scolaire est important et peu de jeunes atteignent la 12e année. Les autochtones voient passer les étrangers pour un temps et quitter l’endroit. Ce sont en général des gens qui viennent simplement pour l’argent et qui ne restent pas assez longtemps pour tisser des liens. Ceci serait l’une des causes du décrochage scolaire: les cultures autochtones ont toujours privilégié le lien avec la personne qui enseigne et ceci ne peut être reproduit avec ce système où les professeurs sont affectés pour une courte durée. Pour preuve, lorsque les enseignants restent longtemps sur place, tissent des liens avec la communauté, ils obtiennent des résultats plus satisfaisants.

Le problème du décrochage scolaire serait également dû au fait que les parents, dans ces communautés éloignées, ne sont pas assez conscients de l’importance de l’école «à l’occidentale». Ceux d’entre eux qui finissent la 12e année ont beaucoup de mal à s’adapter à la vie dans les grandes villes du Sud du pays où ils sont obligés de se rendre s’ils veulent poursuivre des études et occuper des postes plus importants, notamment dans les sociétés minières.

Le résultat de ce décrochage scolaire, dans le cadre de l’exploitation minière, a donc des retombées importantes: beaucoup d’employés sont des personnes extérieures envoyées par des entreprises car il n’y aurait pas assez de main d’œuvre qualifiée pour le nombre d’emplois disponibles. Même si les entreprises mettent en place des formations pour que les autochtones puissent occuper davantage de postes, ceux-ci ne représentent pas la majorité des employés. De plus, parmi les employés autochtones, peu occupent des postes à responsabilité et ils sont en général moins bien payés que les personnes arrivant d’autres provinces.

Le public, présent en nombre, semble avoir été conquis par ce documentaire. La réalisatrice Izabel Barsive, ainsi que Danièle Caloz qui a participé à la production de ce documentaire, ont répondu à de nombreuses questions concernant le tournage, les conditions de vie et la prise de contact avec les personnes rencontrées entre autres. Ce documentaire sera diffusé sur RDI le 3 mars prochain.

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