Roman haletant pour les 12 ans et plus

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 07/06/2011 par Paul-François Sylvestre

La littérature pour la jeunesse ne cesse de m’émerveiller. Je viens de mettre la main sur un roman que j’aurais bien aimé lire cinquante ans passés. Les trois lames s’adresse aux 12 ans et plus. Ils sont chanceux que Laurent Chabin leur ait concocté une histoire susceptible de les tenir en haleine du début jusqu’à la fin.

Dès les premières pages on apprend que le corps de Georges a été trouvé dans le canal de Lachine. La découverte du cadavre de ce jeune garçon de Saint-Henri suscite malaise et inquiétude à l’école qu’il fréquentait. On parle de suicide.

Mais une élève ne croit pas cette thèse. Sara reconnaît que Georges n’était guère sociable, mais n’a-t-il pas été menacé par un groupe d’adolescents plus âgés dans lequel il tentait de s’intégrer?

Sara mène sa propre enquête dans un univers restreint: un petit carré de rues délimité au sud par le canal de Lachine, au nord par l’autoroute Ville-Marie, à l’est par les bassins du Vieux-Port et à l’ouest par l’autoroute 15 et l’échangeur Turcot.

Une première chose la frappe: vivant, Georges ne suscitait aucun intérêt; maintenant qu’il est mort, tout le monde le connaît et le respecte.

Publicité

Décrocheurs

Après avoir signalé que l’école est fréquentée par des jeunes décrocheurs, l’auteur note que la mort de Georges leur permet de construire des romans complexes, «fourmillant de personnages, d’intrigues et de machinations diaboliques». Assez étonnant, fait-il remarquer, pour des jeunes qui prétendent détester les cours de français!

L’histoire est racontée par Sara, une fille qui a appris davantage à l’école de la vie qu’à l’école secondaire. Elle nous confie que «les rêves des gens, loin de leur ouvrir des horizons lumineux, ne leur servent la plupart du temps qu’à accepter leur misère.» Sara n’est pas certaine qu’il existe une justice en ce monde, «qu’elle prenne la forme d’une vengeance personnelle ou qu’elle soit dispensée par des tribunaux». Mais une chose est sure, il y a des actes plus sales que d’autres.

J’ai mentionné que Georges tentait de se faire accepter par un groupe d’ados plus âgés que lui. Il s’agit du Trio no 4, composé du ravissant Toni, du violent Jean-Baptiste et de la tête brûlée d’Étienne. Sara a un faible pour Toni, dont la «belle gueule d’amour» a pour effet de l’aveugler dans son enquête. Elle doit souvent ronger son frein «dans une atmosphère de haine contenue et de méfiance mesquine».

Trois victimes

Sans vous dévoiler le dénouement de l’intrigue – cela gâcherait le plaisir de votre lecture – je peux quand même vous préciser que les trois lames du titre correspondent à trois victimes.

La lame d’un vulgaire couteau de poche est en effet trouvée sur le lieu de chaque rebondissement. Elle est toujours découverte par un ado aussi effacé qu’effaré. Qui plus est, cet ado prénommé Jo est friand de romans policiers…

Publicité

Sara interroge Jo et cherche à lui faire avouer la moindre bribe d’information qui pourrait jeter un peu de lumière sur la mort de Georges. La même technique est utilisée auprès du charmant Toni. Résultat: la jeune fille note des coïncidences qui feraient «ruer un cheval de bois».

Sara doit-elle faire part de ses soupçons à la police? Qui croirait une fille qui a passé sa vie à décrocher de l’école? On lui conseillerait de trouver un emploi et de cesser d’inventer des histoires. L’histoire inventée par Laurent Chabin, elle, ne cesse de nous surprendre.

Laurent Chabin, < em>Les trois lames, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2011, 156 pages, 10,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur