Histoire et aventure pour 10 ans et plus

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Publié 09/09/2008 par Paul-François Sylvestre

Camille Bouchard est l’auteur de 25 ouvrages, dont 20 livres pour la jeunesse. Son tout dernier roman s’intitule Trente-neuf et invite les 10 ans et plus à plonger dans les Antilles à l’époque de Christophe Colomb et à vivre une remarquable aventure en compagnie de deux braves garçons.

Le soir de Noël 1492, l’un des trois navires qui a permis à Christophe Colomb de découvrir l’Amérique, la caravelle Santa-Maria, s’échoue au nord de l’île d’Ayiti (que l’explorateur appelle Hispanola et qui est aujourd’hui Haïti). L’amiral espagnol doit abandonner 39 matelots en leur promettant de revenir les chercher dès son prochain voyage. L’un de ces hommes est Jorge, un mousse de 13 ans, qui se lie d’amitié avec Bagua, un Indien de son âge. Au fil des chapitres, le lecteur alterne entre le témoignage de l’un et de l’autre.

Jorge et Bagua racontent les événements qui se passent sur l’île pendant toute l’année 1493 : mutineries, escarmouches entre Blancs et Indiens, ruée vers l’or, trahison et violence. L’auteur décrit aussi l’amitié qui se développe entre les deux garçons et étaie son récit de réflexions ou de questionnements qui confirment que la vérité sort souvent de la bouche d’un enfant.

Au début, Bagua croit que les Espagnols sont des «dieux blancs» qui arrivent sur des «oiseaux géants» (bateaux à voiles). Lorsqu’il les voit utiliser leurs «bâtons de tonnerre» (fusils) contre les membres non armés de sa tribu, il se ravise et les appelle «démons blancs».

Bagua ne tarde pas à découvrir que les Indiens n’ont pas la même perception que les étrangers en ce qui concerne les biens. «Nous, nous partageons tout. Eux, ils possèdent leurs affaires en propre et il faut demander chaque fois la permission d’utiliser ce qui est à portée de main. Comment peuvent-ils nous parler d’une religion de partage quand ils refusent de répartir ce qui est utile à tous?»

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Le jeune espagnol explique à son nouvel ami ce qu’est la religion catholique. Il lui parle de Jésus, du paradis et des missionnaires qui viendront baptiser les Indiens. Bagua demeure sceptique. Lorsqu’il voit son oncle mourir aux mains des Blancs, Bagua demande à Jorge si son oncle ira au paradis. La réponse est négative puisque l’oncle n’est pas baptisé. Bagua est rassuré: «Tant mieux, alors. Je ne voudrais pas que mon oncle soit obligé de côtoyer d’autres chrétiens pendant l’éternité.»

Jorge est le seul mousse parmi les 39 Espagnols, le seul qui apprend la langue des Indiens, le seul qui ne devient pas un guerrier. Les autres ont le raisonnement suivant : tant qu’un Indien n’est pas baptisé, il peut être abattu comme un chien car sa vie ne vaut pas celle d’un bon chrétien espagnol.

Par ce récit finement construit et savoureusement raconté, Camille Bouchard illustre clairement comment les Européens se sont malicieusement comportés envers les Indiens, comment ils leur ont apporté des maladies inconnues et contre lesquelles ils n’avaient aucun anticorps: grippe, rougeole, variole et petite vérole. Des millions d’Amérindiens en sont morts. De là à conclure que le début de l’Amérique a aussi été «le début du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité».

Camille Bouchard, Trente-neuf, roman, Montréal, Éditions du Boréal, collection Boréal Inter, 2008, 162 pages, 10,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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