Roman déroutant et désorienté

roman, Eva Crocker, Tout ce que je demande
Eva Crocker, Tout ce que je demande, roman traduit de l’anglais par Laurent Aussant, Ottawa, Éditions L’Interligne, 2022, 328 pages, 32,95 $.
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Publié 15/03/2023 par Paul-François Sylvestre

All I Ask est le premier et seul roman d’Eva Crocker, écrivaine LGBTQ. Il a été finaliste pour le prestigieux prix Giller 2020. Les Éditions L’Interligne ont publié sa version française, Tout ce que je demande, grâce à la traduction de Laurent Aussant.

Attendez-vous à une lecture très imprévisible.

Enquête à Saint-Jean, Terre-Neuve

Le personnage principal est Stacey, une aspirante actrice qui est réveillée par la visite de policiers qui fouillent son logement et saisissent son ordinateur et son portable, sous prétexte qu’ils sont à la recherche de «matériel informatique illégal».

Elle devra élucider cette affaire et recouvrer la liberté et l’intimité qui lui ont été dérobées.

L’action se déroule à Saint-Jean, Terre-Neuve, et nous avons l’impression de lire «la vie déprimante dans un trou perdu».

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Erreurs policières

Les policiers font des erreurs, c’est bien connu, mais ici ils ne font presque rien d’autre. La romancière décrit quelques sorties au cinéma ou au bar, qui m’ont le plus souvent ennuyé.

À un moment, deux amies s’amusent à deviner les numéros 1-800 qui correspondent à des lignes érotiques.

Elles enlignent presque toutes les combinaisons vaguement cochonnes d’un mot de trois lettres, suivi d’un mot que quatre lettres. Cela donne 1-800-BAT-SUCÉ, 1-800-NUE-SEXY, 1-800-LEZ-GAIE, 1-800-BON-SEXE, 1-800-MON-SEIN.

Digressions et longueurs déroutantes

Je veux bien donner une chance au coureur, mais force est de reconnaître que le roman regorge de digressions et de longueurs qui souvent vont dans toutes les directions, sauf dans celle de rendre le récit intéressant.

Les dialogues sont d’une simplicité et d’une banalité déconcertantes, dont voici deux exemples:

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«Un grand verre?»
«S’il te plaît.» J’ai hoché la tête.

«Ouais», j’ai dit.
«Ok, je vais chercher mon manteau.»

Au lieu de lire des réflexions profondes, des échanges sentimentaux entre deux femmes qui s’aiment, nous nous tapons plutôt des commentaires dans le style suivant: «Les démonstrations publiques d’affection, en général, c’est dégueu. Surtout quand c’est des hétéros.»

Bonnes intentions, mais…

Vous aurez deviné que ce livre ne m’a pas plu. Tout est une question de perspective et de goût personnel. Je reconnais que la romancière avait sans doute de bonnes intentions.

Selon Eva Crocker, lorsqu’un jeune grandit, l’opinion de ses semblables est importante. L’ouvrage semble centré sur les amitiés et les pouvoirs qui dirigent nos vies en début de cheminement.

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À mon avis, l’intrigue aurait gagné à être mieux articulée. Les personnages m’ont semblé superficiellement campés, et leur personnalité manquait de profondeur. Laurent Aussant a tiré son épingle du jeu en ciselant finement sa traduction.

À garder en tête que mon compte-rendu ne cherche pas à imposer un point de vue à coups de masse. Le vôtre vaudra autant, sinon plus.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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