Robert Lepage nous a ouvert les portes de sa mémoire avec 887, une pièce où il est seul en scène créée pour le festival Panamania et qui a été présentée du 14 au 18 juillet au St. Lawrence Centre for the Arts. Chose qui aurait été impensable en 1968, il a réussi à faire ovationner à Toronto le poème nationaliste Speak White de Michèle Lalonde!
Le dramaturge québécois de renommée internationale a choisi de parler du passé pour évoquer les problèmes du présent, prétextant un contrat pour lire le fameux poème lors du 40e anniversaire de la Nuit de la poésie où il avait été présenté pour la première fois.
«Je trouve le sujet passionnant», explique-t-il en entrevue à L’Express. Même si la devise du Québec est encore «Je me souviens», de quoi se souvient-on exactement?
«Notre mémoire est de moins en moins sollicitée aujourd’hui, il y a comme une forme d’assistance qui se développe avec toutes ces machines, les téléphones qui se souviennent de tout pour nous au lieu de marquer les instants dans nos mémoires.»
C’est justement pour raviver la mémoire d’une époque de lutte des classes – le Québec français des années 1960-70 qui cherchait à s’affirmer dans le continent anglophone – qu’il a écrit cette pièce. «Je ne voulais pas proposer une version du passé mais évoquer l’histoire elle-même, celle qui est loin et qu’on veut oublier».