Rendre les aînés actifs en temps de crise

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Il est plus important que jamais que les personnes âgées bougent, marchent, restent actives.
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Publié 18/06/2020 par Isabelle Burgun

Le coronavirus frappe plus fort les personnes âgées à la santé fragile: 80% des décès. Et autant le confinement que la distanciation sociale peuvent nuire à leur santé physique et mentale.

Une récente étude franco-québécoise rappelle l’importance de l’activité physique dans ce contexte.

«Nous avons levé un drapeau rouge. Nous observons des dégradations de santé chez les personnes de plus de 65 ans, les plus vulnérables qui sont confinées, indépendamment des pays», alerte Mylène Aubertin-Leheudre, du Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Importante cause de mortalité

L’inactivité est la quatrième cause de mortalité dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Et de nombreuses recherches ont montré ces dernières semaines une diminution du nombre de pas effectués en raison des restrictions. Du côté des pays européens, on observe une réduction de 7% à 38% de l’activité générale dès la semaine du 15 mars.

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La société Fitbit (qui vend des produits électroniques de suivi de l’activité physique) a sonné l’alerte: «nous sommes en train d’abimer nos aînés. Cette immobilisation forcée occasionnera des pertes irrémédiables et il importe de les faire bouger de nouveau», poursuit la chercheuse, également associée à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM).

Exercices pour les participants à une conférence sur le vieillissement actif.

Perte de force

Elle le constate aussi en cas d’hospitalisation: une semaine d’inactivité totale suffit pour perdre 16% de la force musculaire et 6% de la masse musculaire, une masse qui ne sera pas reprise, contrairement à ce qui arrive chez les plus jeunes.

«La perte de muscle et de force entraîne une grande difficulté à remarcher, ce qui les poussera à avancer en trainant les pieds, augmentant le risque de chute sur les obstacles», explique-t-elle.

De plus, dans des circonstances où les personnes âgées passent 17 heures par jour et 90% du temps dans une position sédentaire — assises ou alitées — elles risquent de prendre du poids, augmentant les risques de diabète.

Enfin, les périodes de forte sédentarité diminuent la capacité respiratoire et cardiaque des aînés, un facteur-clé pour survivre à la CoViD-19.

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Gérontechnologie

C’est là que peut intervenir la gérontechnologie, des approches de soutien des personnes âgées reposant principalement sur Internet, plus particulièrement celles visant à les faire bouger: exercices physiques en ligne ou sur un poste de télévision.

«Ces technologies nous aident à communiquer avec les aînés et à les rejoindre lorsque les ressources humaines ne le peuvent pas», relève la chercheuse.

Selon elle, il faut repenser le travail d’encadrement des plus fragiles en dotant les chambres d’outils de motivation au sport que sont les exercices physiques en ligne ou «exorgames».

Exercices simples

Dans une étude pilote parue en octobre dernier, l’équipe de l’IUGM a testé de simples exercices supervisés — se lever d’une chaise, presser une balle imaginaire, soulever les pieds, etc. — qui aident à améliorer la capacité fonctionnelle d’adultes âgés hospitalisés.

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Il serait donc facile d’offrir un programme adapté à chaque aîné, réalisable dans une chambre avec peu de matériel.

«C’est un peu comme une prescription de médicament. Cette séance d’activité peut se faire debout ou assis, deux à trois fois par jour, par visionnement ou avec un ergothérapeute, par écran», détaille encore Mme Aubertin-Leheudre.

À la demande du ministère québécois de la Santé, son équipe devait tester ce programme ce printemps, dans cinq hôpitaux de la province. C’est partie remise pour l’instant.

Par ailleurs, la santé publique de Montréal vient de lancer en ligne le programme Go pour bouger, élaboré avec le Centre de recherche de l’IUGM, à l’intention des personnes âgées.

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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