Remplacer l’université (et Zoom) par le métavers?

Voila, metavers, connected labs
Une élève suit un cour dans le métavers de Voilà Learning. Elle interagit avec l'enseignante et les autres élèves par le truchement de son avatar, comme dans un jeu vidéo. Photo: voilalearning.com
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 06/09/2024 par François Bergeron

Un milliard de personnes à travers le monde – majoritairement des jeunes – jouent à des jeux multijoueurs pour lesquels ils se sont créés un avatar qui interagit en compétition ou en collaboration avec d’autres.

Et si, de la même façon, ils allaient au collège ou à l’université par le truchement d’avatars interagissant avec des profs et d’autres étudiants dans un «métavers» éducatif?

Et si, au lieu de tenir d’ennuyantes réunions sur Zoom, des grandes entreprises privées ou institutions publiques informaient ou motivaient leur personnel ou leurs clients dans leur propre métavers ludiques?

Et si, encore, un Africain, Européen ou Asiatique souhaitant immigrer au Canada pouvait déjà se familiariser avec notre mode de vie dans un Canada virtuel?

C’est la proposition de Voilà Learning, le service bilingue d’aide en ligne aux devoirs de français, anglais et mathématiques pour les élèves du secondaire, créé il y dix ans à Toronto par Hosni Zaouali, devenu un pionnier de l’éducation à distance et des métavers sur mesure.

Publicité

Intérêt des gouvernments

Deux programmes fédéraux viennent d’octroyer plus de 2,1 millions $ à Voilà Learning pour «renforcer l’apprentissage du français au Canada» en développant la filière éducative futuriste.

Hosni «Hoss» Zaouali en a fait l’annonce ce mercredi 4 septembre au campus de Sugar Beach du Collège George Brown. Des professeurs de George Brown, en technologies de jeux vidéo, participent aux projets de Voilà Learning depuis déjà quelques années.

Les fonds du ministère fédéral des Langues officielles «permettront à des milliers de jeunes de développer des compétences en français et de s’intégrer pleinement dans le système d’éducation bilingue du pays», dit-il.

Le plus gros projet, Metalingo 2.0, propose une immersion virtuelle pour la petite enfance (2 à 6 ans). «Les enfants pourront se familiariser avec le français dès leur plus jeune âge, tout en utilisant des technologies immersives qui facilitent leur apprentissage de manière ludique et interactive.»

Publicité

«Nous équipons notre jeunesse pour qu’elle puisse réussir ici au pays et qu’elle garde cet avantage compétitif qui est le bilinguisme», a commenté le ministre Randy Boissonneault.

Voila, metavers, connected labs
Hosni Zaouali avec le président de George Brown College, Gervan Fearon, lors du lancement du 4 septembre. Photos et vidéos: François Bergeron, l-express.ca

Jeune Afrique

Le président de Voilà Learning critique nos systèmes traditionnels d’éducation depuis bien avant la covid. Or, la covid a permis à plusieurs intervenants de se familiariser et d’apprécier les avantages de l’éducation à distance.

Son propre parcours n’aurait plus de raison d’être, selon lui. Il est né et est allé à l’école en Tunisie, puis a fait des études supérieures en France et aux États-Unis, pour finalement travailler au Canada. «Je n’ai pas beaucoup profité à mon pays natal.»

Dans un monde où le métavers serait accessible à tous, un jeune Africain pourrait aller au collège ou à l’université de n’importe quel pays en restant chez lui et, plus tard, travailler et faire profiter son pays de sa formation. Rien d’utopique ici: le métavers n’est pas une technologie compliquée et s’installe facilement sur les ordis, tablettes et téléphones.

Publicité

«Et en Afrique», mentionne Hosni Zaouali, «les jeunes possèdent plus de téléphones que de paires de souliers».

Il souligne aussi que 40% des habitants du continent africain ont aujourd’hui moins de 15 ans. En 2050, ils seront 2,5 milliards: le quart de l’humanité. Or, le Canada (bilingue) a déjà de bonnes relations avec les pays africains (anglophones et francophones); souvent meilleures que les État-Unis et les anciennes puissances coloniales européennes.

Voila, metavers, connected labs
Un avatar dans le métavers de Voilà Learning. Photo: voilalearning.com

Encore plus de temps à l’écran

Le fondateur de Voilà Learning comprend qu’on puisse être rebuté par des projets qui retirent l’étudiant d’un campus traditionnel pour l’installer devant un écran, ou qui ajoutent au temps des enfants passé devant un écran.

«Sauf qu’ici», fait-il valoir, «il n’y a pas d’opposition entre écran et éducation», et le temps passé dans un métavers éducatif sécuritaire est beaucoup plus bénéfique que dans un jeux de guerre.

Le métavers éducatif serait aussi un réseau social plus sain que ceux que fréquentent déjà les jeunes aujourd’hui.

Publicité
Voila, metavers, connected labs
Au lancement du 4 septembre: les panélistes Claudia Krywiak, PDG du Centre d’innovation de l’Ontario, Hosni Zaouali, président de Voilà Learning, et Adil Shamji, député libéral provincial de Don Valley Est.

Digression sur l’intelligence artificielle

Lors de l’événement au Collège George Brown, la conversation sur les métavers de Voilà Learning a parfois glissé vers l’intelligence artificielle, vu que l’IA serait utile dans la construction des métavers,

Hoss Zaouali ne craint pas un avenir où l’IA jouera un rôle central, même si elle est développée surtout par quelques puissances numériques comme Google, Apple, Microsoft et X.

Il compare l’IA à l’industrie du réfrigérateur, bénéfique pour l’humanité… et pour les boissons gazeuses!

«Au début», image-t-il, «les frigos représentaient une innovation majeure et coûtaient cher. Mais à mesure qu’ils se sont répandus, leurs prix ont beaucoup diminué. Aujourd’hui tout le monde a un frigo chez soi.»

Or, cette démocratisation de la réfrigération a aussi profité à Coca-Cola et à tous les produits qu’on met au frigo… «mais les prix de la bouteille de Coca-Cola et des aliments n’ont pas diminué au fil des décennies, au contraire».

Publicité

Voilà pourquoi Voilà Learning n’ambitionne pas d’inventer le frigo (l’IA), mais plutôt le Coca-Cola (les métavers éducatifs, d’entreprises ou institutionnels qui utiliseront l’IA).

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur