Regent Park, un quartier haut en couleur!

Je redécouvrais récemment le pur plaisir d’admirer tous les petits détails de design du Daniels Spectrum, au coeur de Regent Park. Pour une photographe aimant jouer avec les angles des édifices d’architecture moderne, cette destination est un festin pour les yeux.

Parlant de festin, on complète cette balade en se payant une viennoiserie décadente de la luxueuse croissanterie Le Beau. C’est pas donné, mais délectable.

Le Daniels Spectrum

C’est le Daniels Spectrum (585 rue Dundas Est) qui a donné le ton du redéveloppement de Regent Park initié en 2005. Ce carrefour culturel communautaire est géré par Artscape, dont la mission est d’offrir des lieux abordables pour les activités à vocation artistique.

Quand on visite le quartier, le regard est attiré d’emblée par les superbes Faces of Regent Park de Dan Bergeron, douze oeuvres montées dans des panneaux lumineux de 6 pieds par 9.

Mais l’observateur attentif remarquera l’usage subtil de couleurs sur le Daniels Spectrum, en toile de fond côté Sud de Dundas.

Il se trouve que les couleurs des rayures, dans ce concept de la firme Diamond Schmitt Architects, sont basées sur les drapeaux représentant les nations d’origine des résidents de Regent Park au moment où le réaménagement a commencé.

Faites le tour du Spectrum pour découvrir tous les jeux de couleurs! Je m’y suis amusée à chercher les meilleurs angles pendant plus d’une demi-heure. Ne manquez pas de visiter l’intérieur si vous avez la chance.

Balade toute en contraste

Le développement est encore en cours de réalisation. En 2022, on s’attaque maintenant à la Phase 4. En ce moment, il est encore possible d’imaginer le Regent Park des années 70, au nord du grand parc et du superbe centre aquatique.

Avant la Phase 1, les rues de Regent Park ne communiquaient pas avec Gerrard, et les culs-de-sac ont contribué à la criminalité du quartier.

Entre les rues Oak et Gerrard, on peut marcher parmi les vieux édifices de trois étages, dont plusieurs sont encore habités. On dirait bien que Toronto Housing fait moins que le minimum pour entretenir ces appartements voués à la démolition…

Ils offrent un contraste frappant avec les édifices modernes qui s’érigent vers le sud, et Cabbagetown qui débute au nord de la rue Gerrard.

Le Regent Park initial: un fiasco

En passant, il est bon de rappeler que les planificateurs du fiasco qu’était le Regent Park initial voulaient aussi raser Cabbagetown pour y étendre leur projet de logement social.

Ce sont les habitants du quartier (alors bien loin d’être embourgeoisé) qui se sont battus pour préserver les maisons victoriennes uniques qui font le charme du quartier de nos jours. Comme quoi il ne faut jamais baisser les bras pour avoir notre mot à dire sur l’évolution de notre ville en perpétuelle évolution.

Ceux qui s’intéressent au développement urbain voudront lire le fascinant Regent Park Revitalization: A progress report, publié par Spacing en 2019. Il nous aide à réfléchir aux divers enjeux de ce genre de projet ambitieux.

On y apprend entre autres que Regent Park comptait 7 500 résidents dans 2 087 unités avant la revitalisation. Il en hébergera plus de 17,000 à la fin de la Phase 5!

À ce jour, 1 166 ménages (soit 56% du total déplacé) ont réintégré un logement de remplacement dans le cadre des phases 1 à 3.

Et 375 ménages ont renoncé à leur droit de retour, ont quitté le Toronto Community Housing ou sont décédés. Le rapport de Spacing explique bien les conditions du «droit au retour» des résidents déplacés… Moins sympathique que je ne l’aurais espéré.

Avec son lot de succès et de défis, Regent Park demeure une réussite en matière de développement urbain. Il a pu attirer l’agence des Nations unies UN-Habitat pour créer le Pavillon urbain mondial de Regent Park (un des derniers édifices construits durant la Phase 3 du projet).

Ce pavillon accueillera bientôt des villes et des pays du monde entier, qui viendront apprendre à le connaître et à se connaître entre eux.

Pendant que êtes à Regent Park

Pour agrémenter la balade, il y a la chic Croissanterie Le Beau (665 rue Dundas Est, ouverte de 9h à 17h du mercredi au dimanche). Et aussi Sumach Espresso (118 rue Sumach, ouvert de 8h à 15h, ouvre à 9h le dimanche), un sympathique café qui sert des sandwichs.