Les maux d’amour gagnent du terrain dans toutes les franges de la population. En marge du sida, de nombreuses maladies font leur retour: syphilis, gonorrhée, chlamydia…
Le 19e Congrès de la Société internationale pour la recherche sur les maladies transmissibles sexuellement, qui se tenait récemment à Québec, ouvrait sur une nouvelle inquiétante: l’apparition en Asie d’une souche de gonorrhée capable de résister à tous les antibiotiques. Michel Alary, professeur au Département de médecine sociale et préventive de la Faculté de médecine de l’Université Laval et président du comité organisateur du congrès, nous explique ce regain.
Agence Science-Presse (ASP) – Selon vous, le sida pourrait disparaître d’ici 50 ans. Comment éliminer la progression de l’infection transmissible sexuellement (ITS) la plus meurtrière de l’histoire?
Dr Michel Alary (MA) – Nous pourrions même y parvenir plus vite. Nous avons fait des progrès énormes au point de vue des traitements, même si nous n’avons pas encore de vaccin, et certaines approches de prévention ont démontré leur efficacité. Par exemple, chez les couples sérodiscordants (un totalement hétérosexuel et l’autre, partiellement homosexuel), le traitement précoce du VIH diminue les risques de transmission de 96%.
Chez les personnes à risque — qui changent fréquemment de partenaire — la prise d’antirétroviraux prévient l’épidémie de 50 à 70%. La circoncision réduirait aussi de 70% le risque d’infection. L’utilisation de condom permet de réduire le risque dans l’ensemble de la population. Si on met cela tout ensemble, on a ce qu’il faut pour avoir une couverture complète. Il faudrait seulement doubler notre aide — qui s’élève actuellement à 14 milliards $ — pour atteindre les 22 milliards $ nécessaires pour l’éliminer. Si les pays industrialisés se décidaient à verser 0,7% de leur PIB en aide humanitaire, ce serait possible.