Réflexions sur l’avenir de la langue française

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Publié 14/10/2008 par Vincent Muller

Jean-Louis Roy, chercheur invité au centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal et président du Conseil d’administration du centre de la francophonie des Amériques publie un nouvel ouvrage intitulé Quel avenir pour la langue française? Dans cet ouvrage, il traite de la place du français dans un contexte de mondialisation qui engendre davantage de concurrence non seulement entre économies mais aussi entre cultures.

L’ouvrage de l’ancien directeur du journal Le Devoir, retrace l’évolution du français à travers les institutions de la Francophonie. Cette communauté n’est selon lui «ni une exception ni une curiosité».

Nous sommes, comme s’intitule le premier chapitre, dans un «monde de communautés». Le regroupement en communautés linguistiques, après avoir été inventée par les anglophones, a été «repris par les locuteurs des langues espagnole, portugaise, arabe, turque et française».

Aujourd’hui, comme l’indique l’auteur, le développement de pays tels que l’Inde ou la Chine constitue autant de concurrents qui, parallèlement à leur économie, ont interêt à étendre leur zone d’influence culturelle.

Concernant la communauté des pays francophones, Jean-Louis Roy met particulièrement l’accent sur sa diversité culturelle tout en montrant qu’elle est «capable de se penser comme un ensemble partageant des valeurs des intérêts et des objectifs communs».

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Francophonie ne signifie pas expansion du français au détriment d’autres langues. À ses débuts principalement axée sur l’aspect culturel et éducatif elle a «toujours agi pour mettre en valeurs les langues parlées dans les pays de la communauté francophone». Il cite d’ailleurs François Mitterrand qui insistait sur l’importance de la «compréhension des autres langues comme des langues partenaires».

Même si il reconnaît que les anglophones ont, plus tôt que les francophones, contribué à la transcription et à la promotion de langues locales, notamment en Afrique, il estime que les institutions de la francophonie ont aussi reconnu et largement contribué au développement des différentes langues parlées dans les pays membres de la francophonie. Selon lui «la francophonie a été impeccable à ces égards».

Le continent africain est primordial pour la francophonie, même si le français y est langue maternelle pour très peu de gens. «La seule croissance possible et importante des locuteurs de la langue française se situe en Afrique», écrit-il.

Voici donc une partie de la réponse à la question posée dans le titre. L’auteur nous rappelle que la francophonie est «née sur le continent africain comme expression d’une volonté d’abord africaine et d’un besoin de développement et de solidarité». Ceci explique probablement en partie certains des objectifs de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui veut promouvoir la démocratie, la tenue d’élections libres, le multipartisme, mais aussi le développement économique, l’équité sociale et l’environnement.

Aujourd’hui, les institutions de la francophonie, devenue davantage politique depuis le début des années 1990, permettent la mise au point d’analyses, de propositions ou de missions de concertation en français.

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Jean-Louis Roy explique que beaucoup de missions de médiation, notamment en Afrique, ont été permises par ces institutions.

Lorsque l’on évoque le français comme langue imposée par les colons, il affirme que «les Africains ne font plus beaucoup référence au français comme langue coloniale» et que «cette vision est largement dépassée».

S’agissant de la promotion des valeurs de la démocratie, qui est l’un des objectifs de l’OIF, lorsque l’on évoque la présence de certains chefs d’États africains de pays membres de la francophonie au pouvoir depuis une trentaine d’années, il estime que la francophonie ne peut pas réussir là où des organisations telles que l’Union Africaine n’ont rien pu faire.

En dehors des pays dont la langue française est langue maternelle de la totalité ou d’un grand nombre d’habitants comme la France, le Québec, la Suisse ou la Belgique et des pays d’Afrique dont la langue officielle est le français, de nombreux pays où cette langue est largement moins parlée adhèrent à la francophonie.

Malgré ses limites et la concurrence à laquelle elle fait face, la francophonie semble donc encore pouvoir maintenir la langue française au rang de langue importante dans les relations internationales avec toutefois encore beaucoup de défis à relever.

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Vous en apprendrez davantage en vous procurant Quel avenir pour la langue française ? Francophonie et concurrence culturelle au XXIe siècle aux Éditions Hurtubise HMH 2008.

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