Rare échange en français à la législature de l’Alberta

Entre le premier ministre et une députée de l'opposition

Des Franco-Albertains devant l'Assemblée législative de la province en janvier 2019.
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Publié 24/06/2020 par Mélodie Charest

Lors de la période des questions à l’Assemblée législative du 27 mai dernier, la députée néo-démocrate Marie Renaud sollicite en anglais des explications du gouvernement au sujet de «cette attaque [faite] envers la communauté francophone en ne protégeant pas le financement du Campus Saint-Jean».

Jason Kenney, premier ministre de la province a alors répondu à cette question en français: «Ce gouvernement appuie entièrement la communauté franco-albertaine. Nous faisons des économies dans toutes les institutions postsecondaires, y compris le Campus Saint-Jean. Ce n’est pas cibler la communauté francophone, mais trouver les efficacités pour les impératifs budgétaires.»

Jason Kenney

Crise financière

Cette réponse lui coûte une question complémentaire de Marie Renaud, cette fois-ci, en français.

La députée de Saint-Albert rappelle que le Campus Saint-Jean est le seul institut postsecondaire albertain en français. Les demandes d’inscriptions y sont en hausse de 40% depuis 2014. «Est-ce que le premier ministre de l’Alberta va soutenir les francophones en Alberta et inverser les réductions avant qu’il soit trop tard?»

Jason Kenney ramène sur la table que le gouvernement n’est pas l’instance qui décide du budget du Campus, qu’il s’agit d’une décision de l’Université de l’Alberta.

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Il termine en disant que des économies de toutes les institutions postsecondaires sont nécessaires afin de remédier à la crise fiscale albertaine, mais que les services en français, dont le Campus Saint-Jean, sont «tellement importants pour ce gouvernement».

Marie Renaud a répondu aux questions du journal Le Franco parfois en français, parfois en anglais.

Rareté à l’Assemblée législative 

Quelques heures plus tard, la Société historique francophone de l’Alberta fait plusieurs interventions sur Twitter au sujet des jeunes racines du français à l’Assemblée législative.

Un constat est assez clair: les échanges comme celui du 27 mai sont rares et indélibérés.

Il y en a eu dans «l’Affaire Piquette». L’ancien député néo-démocrate de la circonscription d’Athabasca/Lac La Biche, Léo Piquette, s’était fait refuser, le 7 avril 1987, de poser une question en français à la ministre de l’Éducation.

Léo Piquette a envoyé un message de félicitations à Marie Renaud après l’échange à la Législature du 27 mai 2020.

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La francophonie de l’Alberta en est en mode «résistance» pour sauver la faculté Saint-Jean.

Risbud et Renaud sont sceptiques

Bien que le premier ministre, par cette prise de parole, ait souligné l’importance du français, Sheila Risbud, la présidente de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), a des réserves par rapport à l’appui réel du gouvernement.

Elle concède, comme Marie Renaud, que le français devrait s’imposer davantage à l’Assemblée législative.

Nonobstant que le premier ministre ait répondu à la politicienne néo-démocrate en français, «son discours n’a pas changé», indique la députée de Saint-Albert. Selon ses observations, la discussion n’a pas été comprise par la majorité des députés ne parlant qu’anglais.

En février, Sheila Risbud, présidente de l’ACFA, avait rencontré Mélanie Joly, ministre fédérale des Langues officielles, pour évoquer la situation du Campus Saint-Jean.

Parler en français, c’est parler avec Kenney 

Malgré cette réception difficile, celle qui désire désormais assumer le rôle de Léo Piquette à la Législature, malgré les défis, a l’intention de recommencer à poser des questions en français.

«C’est l’fun, parce que, je pense, que c’est juste le premier ministre albertain qui peut répondre en français, alors il va répondre!»

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Pour elle, ce geste permet de promouvoir la langue et de souligner la diversité linguistique canadienne.

Soumise à des compressions provinciales, l’Université de l’Alberta veut amputer près de 40% du budget de son petit campus francophone.

Français fragile

La présidente de l’ACFA indique que la semaine avant cette séance du 27 mai, Marie Renaud avait pris contact avec l’Association afin de s’impliquer politiquement dans la mobilisation #SauvonsSaintJean.

Ayant délaissé le français au fil des années Marie Renaud, originaire du Québec, déplore le fait qu’elle n’a pas pu transmettre cette culture à ses enfants, même si ceux-ci ont étudié dans la langue de leur mère.

Elle préconise le respect d’institutions comme le Campus Saint-Jean, ainsi que la promotion de la culture comme moyens de faire avancer le français en Alberta.

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