Le Canada a rêvé pendant au moins un demi-siècle d’avoir une constitution qu’il pourrait modifier sans devoir passer par Londres. Voici le premier d’une série de trois articles qui proposent une rétrospective du rapatriement de la Constitution canadienne, officialisé le 17 avril 1982.
Il était une fois trois colonies
En 1867, trois colonies s’entendent pour créer le Canada moderne. Il s’agit du Canada-Uni (aussi appelé Province du Canada, réunissant en partie le Québec et l’Ontario d’aujourd’hui), du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. S’y grefferont ultérieurement les six autres provinces et les trois territoires qui forment aujourd’hui le Canada.
Le texte juridique encadrant ce nouveau pays, soit l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (AANB), servira de constitution à la nouvelle fédération canadienne. Adopté en 1867, ce document de loi fait du Canada un «dominion» ou une «puissance».
Pas de règle d’amendement
«Lorsque la Constitution de 1867 a été élaborée, il n’y avait pas de règle d’amendement», souligne la professeure de l’École de droit Osgoode de l’Université York à Toronto, Jamie Cameron.
«Le texte n’indiquait même pas que ce serait le gouvernement britannique qui aurait ce pouvoir», ajoute la constitutionnaliste. Londres s’arrogera pourtant cette prérogative, qu’il exercera de manière exclusive pendant des décennies.