On m’a dit sur Facebook que je n’ai pas le droit de citer Martin Luther King: «Ne me jugez pas par la couleur de ma peau, mais par le contenu de mon caractère.» Que seuls les noirs peuvent comprendre et sont autorisés à interpréter les paroles du grand homme.
Pas d’accord: son message est universel et transcende les races et les cultures, comme il le souhaitait sûrement. Il appartient désormais à l’humanité: tout le monde a le droit d’en discuter, voire de se «l’approprier».
Vous me voyez venir: je suis scandalisé de la décision du Festival international de Jazz de Montréal d’annuler le spectacle SLAV, «une odyssée théâtrale basée sur des chants d’esclaves» du célèbre metteur en scène québécois Robert Lepage et de la chanteuse Betty Bonifassi, une Française établie à Montréal connue surtout pour avoir prêté sa voix aux Triplettes de Belleville. La légende (Wikipédia) prétend aussi qu’elle a déjà chanté du Jimi Hendrix…
Lepage raciste: dans quel univers?
Une centaine de manifestants avec des pancartes en anglais («racists», «shame») ont accueilli le 26 juin les premiers spectateurs interloqués de SLAV, dont le concept était connu et soutenu depuis des mois par le Festival.
Cette controverse sur «l’appropriation culturelle» d’un pan de l’histoire des noirs (et de l’histoire d’autres peuples, apparemment) par les créateurs blancs de SLAV, aggravée par la rareté des comédiens et choristes noirs sur scène, a évidemment éclipsé toute appréciation rationnelle de l’oeuvre.