Questionnement sur l’art, jeux de doubles et de miroirs

Normand Chaurette au TfT

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Publié 07/02/2006 par Marta Dolecki

Le dramaturge québécois Normand Chaurette avait ces mots pour décrire sa production littéraire: «dans mes pièces, il y a toujours un créateur qui se fait voler.»

Considérée comme l’une de ses oeuvres de jeunesse, sa pièce La Société de Métis, présentée au Théâtre français de Toronto (TfT) du 15 du 26 février prochain, suit ce train de pensée.

Abolissant les frontières entre rêve et réalité, la pièce de -Chaurette, complexe et déroutante, vient se pencher sur la place de l’art dans nos sociétés contemporaines tout en mettant en garde l’être humain contre sa propension à vouloir s’approprier toute forme de beauté pour la protéger du regard extérieur.

Cette même réflexion sur l’art et la création a trouvé écho chez le metteur en scène franco-ontarien Joël Beddows. «Dans notre monde où l’utilitaire occupe une place prédominante, il est de plus en plus de mise de se poser des questions sur la place de la beauté dans l’univers», estime ce dernier.

«Je crois beaucoup à la notion de l’art dans les musées, les espaces publics, continue-t-il. L’art est un objet qui doit vivre de lui-même. Si l’on essaie de cacher une œuvre d’art dans un sous-sol, se pose alors la question de savoir si elle existe toujours. C’est toute cette série d’interrogations sur l’importance de l’art comme objet résistant à la possession que je souhaite déclencher chez le spectateur», affirme le metteur en scène.

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Présentée en novembre dernier au Centre national des arts (CNA), La Société de Métis revisitée par Beddows dans une co-production du TfT, du CNA, du théâtre la Catapulte et du Théâtre Blanc, s’est lancée dans une tournée pancanadienne, remportant au passage l’adhésion des critiques un peu partout au Québec et à Ottawa.

La distribution met d’ailleurs en scène toute une palette d’acteurs originaires du Québec, mais aussi de la Ville-Reine.

Octave (Hugo Lamarre) est un jeune aveugle au grand cœur, Casimir Flore (Guy Mignault), un capitaine pompier, Pamela (Lina Blais), l’amie de la richissime Zoé P. (Érika Gagnon), une propriétaire terrienne obsédée par l’acquisition de la toile d’un peintre voisin.

Dans un espace scénique devenu extension d’une œuvre d’art, ces quatre personnages s’extirpent de leur cadre pour revivre leur passé le temps d’un été paradisiaque. Ils se trouvaient prisonniers d’un tableau suspendu au musée de Rimouski, ils sont maintenant acteurs de leur propre vie, dans la petite société de Métis-sur-Mer, un jardin aux allures d’Éden situé dans le Bas-St-Laurent.

«C’est une pièce délicieusement curieuse qui fait rire sans assommer, promet Joël Beddows. On est au bord du fleuve. Il fait beau, il fait chaud et c’est à ce moment-là qu’on commence à se poser toutes sortes de questions.»

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La description semble séduisante, même si, de l’aveu du metteur en scène, la pièce est beaucoup plus complexe que ce simple propos ne laisse présumer.

Réflexion sur le créateur, maître éphémère de l’espace fictif, La Société de Métis cultive sous toutes ses formes le règne de paradoxe décliné au jeu du tel est pris qui croyait prendre. Petites et grandes vanités, reflets trompeurs et parades de miroirs sur fond de mythe de Narcisse ne sont jamais très loin.

«Les ambiguïtés contenues dans le récit en faisaient une matière brute difficile à aborder. On a fait dessus un véritable travail de laboratoire. En même temps, j’ai travaillé avec une équipe de rêve. On est très heureux du succès que la pièce a remporté», commente Joël Beddows à ce propos.

Même si, avec La Société de Métis, ce dernier en est à sa quatrième production, il refuse toujours de se voir adosser l’étiquette de metteur en scène reconnu.

«Je suis avant tout un conteur d’histoires et j’espère toujours trouver les ressources et les lieux qu’il me faut pour raconter mes histoires au théâtre, dit-il avec modestie. Je suis très heureux d’avoir rencontré cette belle famille qu’est le Théâtre français de Toronto. J’essaie toujours de m’entourer d’amis et d’alliés et j’en ai trouvé cette fois encore», conclut-il.

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La Société de Métis, du 15 du 26 février prochain, Théâtre français de Toronto , 26 rue Berkeley. Billeterie: 416-534-6604.

Pour plus d’informations: www.theatrefrancais.com.

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