Quarante autoportraits de Rembrandt

Alain Bernard Marchand, Les visages de Rembrandt
Alain Bernard Marchand, Les visages de Rembrandt, poésie, Montréal, les éditions du passage, collection Poésie, 2025, 112 pages, 21,95 $.
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Publié 17/05/2025 par Paul-François Sylvestre

Dans Les visages de Rembrandt, le poète-nouvelliste-romancier-essayiste Alain Bernard Marchand parcourt quarante autoportraits du maître flamand, une matière que ses mots explorent comme autant de coups de pinceau ou de burin pour interroger ce que ces visages lui donnent à voir.

Le vers et la prose, l’écriture de soi et l’histoire de l’art se côtoient dans ce recueil tour à tour contemplatif et philosophique.

Il n’y a pas de reproductions des quarante autoportraits (1625 à 1669), mais j’en ai consulté quelques-uns pour mieux comprendre le regard du poète.

Regard

Il faut, en effet, voir Rembrandt aux yeux hagards (eau forte et burin, 1630) pour comprendre pourquoi Alain Bernard Marchand écrit: «Entre les lèvres, un oiseau noir.»

Et pour apprécier son regard traduit en ces mots: «Ce que tu vois et que je ne vois pas est une énigme que seule l’imagination peut résoudre.»

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Religion

Rembrandt a à peine vingt ans lorsqu’il peint La lapidation de saint Étienne (huile sur panneau, 1625). Il y apparaît pour la première fois, juste au-dessus de la tête du saint. Cela peut être considéré comme le témoignage de son engagement spirituel.

Ce qui fait dire à Marchand: «Je fais mon visage à mon image comme Dieu m’a fait à son image. En imaginant la ressemblance.»

Dès le début des années 1600, on conseille aux artistes de se regarder dans le miroir et de s’entraîner à rendre leurs états d’esprit. C’est ce que fait souvent Rembrandt, tour à tour en colère, horrifié ou souriant. Chacune de ces émotions reviendra plus tard dans son œuvre.

Déguisements

Pour montrer à quel point Rembrandt revêt des déguisements ramenés d’ailleurs, le poète commente Portrait de l’artiste en costume oriental avec caniche (huile sur bois de chêne, vers 1631-1633).

Dans le cas d’Autoportrait avec un bonnet à plumes blanches (huile sur bois de hêtre, 1635), «Rembrandt se déguise pour trafiquer le reflet des miroirs».

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Rembrandt à tous les âges

Alain Bernard Marchand a fait une recherche méticuleuse des œuvres du peintre flamand pour dénicher une quarantaine d’autoportraits.

Il présente Rembrandt aussi bien dans la vingtaine qu’à 34, 51 ou 63 ans. Il nous le montre souvent accoutré d’un béret ou d’un chapeau à large bord, d’un collier d’or ou d’un hausse-col.

Voici ce que le poète écrit en conclusion: «Voir n’est jamais qu’une histoire. Que j’invente pendant que les siècles sont l’instant et l’éternité. Depuis les ateliers où tu inscris ton visage dans le temps jusqu’aux murs où tu me parles tout bas. Tu me dis que ta main a suivi ton œil, et ton œil, l’âge des miroirs. Car les portraits sont plus durables que nous. Et font de nos os ressurgir la chair.»

Ottawa

Né à Trois-Rivières mais établi à Ottawa depuis des décennies, Alain Bernard Marchand a fait de sa langue maternelle une terre d’élection qu’il parcourt à grands pas depuis sa venue à l’écriture.

Les visages de Rembrandt est son quinzième ouvrage, les précédents ayant tous été publiés aux Herbes Rouges.

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Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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