400e anniversaire de naissance de Rembrandt

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Publié 11/07/2006 par Gabriel Racle

Le 15 juillet 1606, à Leyde, dans ces Provinces-Unies qui, le 2 juillet 1581, par l’Acte de La Haye, prenaient leur indépendance de l’autorité du roi d’Espagne pour constituer une fédération, naissait Rembrandt Harmenszoon van Rijn, connu plus simplement sous le nom de Rembrandt, qui est généralement considéré comme l’un des plus grands peintres de l’histoire de l’art baroque européen et le plus important des peintres hollandais du XVIIe siècle.

Il est d’origine simple, c’est le huitième enfant d’un meunier et de la fille d’un boulanger. Il fait quelques études à l’université de sa ville natale, mais dès l’âge de 15 ans, il s’intéresse à la peinture et prend des leçons près d’un artiste local, Jacob van Swanenburgh.

Pendant trois ans, il apprend les bases du dessin, de la gravure et de la peinture, puis il part se perfectionner à Amsterdam, revient à Leyde, retourne à Amsterdam et, surtout, acquiert une solide réputation qui lui vaut plusieurs commandes de portraits, dont celui du roi Charles Ier. Il s’installe chez un marchand d’art d’Amsterdam dont, en juin 1634, il finit par épouser la riche nièce Saskia.

Sa vie connaît alors une période faste, mais qui ne durera pas. Ses trois premiers enfants meurent peu après leur naissance. Seul son quatrième fils, Titus, survit. C’est ensuite sa femme qui décède de la tuberculose à 30 ans, en 1642. Il prend alors une nouvelle compagne, une jeune veuve qui est peu après enfermée dans un asile d’aliénés.

Il vit alors avec sa servante, dont il a une fille. Il est blâmé publiquement comme vivant dans le péché. Il connaît la disgrâce de la puritaine Amsterdam. Endetté, vivant au-dessus de ses moyens, il vend sa maison, perd son renom, voit mourir sa compagne en 1663, puis son fils Titus en 1668. Seule sa fille Cornelia est à ses côtés lorsqu’il meurt le 4 octobre 1669, pauvre et solitaire

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«La vie de Rembrandt est, comme sa peinture, pleine de demi-teintes et de coins sombres», écrivait Eugène Fromentin dans Les Maîtres d’autrefois (1876), en faisant allusion à l’utilisation par Rembrandt de la technique du clair-obscur: une lumière froide et des ombres profondes, un contraste marqué entre l’ombre et la lumière. On l’a décrit comme un maître ou même un génie du clair-obscur.

Mais c’est l’italien Le Caravagge qui avait fait du «chiaroscuro» sa marque. Rembrandt, qui n’est jamais sorti de la brumeuse Hollande, n’a jamais vu cet Italien, décédé quatre ans après sa naissance, ni ses œuvres. Mais il en aurait eu des échos.

Il existe de nombreux parallèles entre leurs peintures, ce qui a conduit le Rijksmuseum et le Musée Van Gogh à présenter cette année une exposition confrontant ces deux grands artistes du XVIIe siècle: Rembrandt et Michelangelo da Caravaggio (1571-1610). D’aucuns l’ont appelée le «congrès du contre-jour, les assises de la lumière indirecte, le festival du ténébrisme».

Son premier chef-d’œuvre est peint à Amsterdam en 1632. C’est en réponse à une commande, La Leçon d’anatomie. Il obtient un succès qui lui ouvre une carrière brillante et, pendant 10 ans, il voit affluer les commandes. Il s’enrichit car ses tableaux se vendent entre 100 et 500 florins.

S’ensuit alors une période glorieuse. Il se livre à sa passion de collectionneur, qui sera cause de sa ruine; il reçoit des élèves, il est à la mode. Sa vie fastueuse et prodigue le met au contact de commerçants, de pasteurs, de rabbins, de lettrés et de grands. Il peint dans la joie les sujets les plus divers et son originalité s’affirme. C’est à cette époque qu’il réalise une toile monumentale, que certains considèrent comme son chef-d’œuvre, La ronde de nuit.

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Mais son achèvement coïncide avec la mort brutale de Saskia, et c’en est fini pour Rembrandt d’une vie de fête et de facilité. Pourtant, son œuvre ne s’en ressent pas. On note peut-être une plus grande diversité de sujets (scènes bibliques du Nouveau Testament, personnages solitaires, autoportraits, natures mortes), couleurs plus riches, grandes toiles, forts coups de pinceaux.

Rembrandt aurait produit environ 600 peintures, 300 gravures et 2 000 dessins, mais un comité d’experts néerlandais travaille depuis quelques années à démêler les œuvres du maître de celles de ses élèves. Le Musée des Beaux-Arts du Canada possède une huile sur toile, Héroïne de l’Ancien Testament (v. 1632-1633), une huile sur chêne, Le denier de César (1629), un dessin et des estampes.

«Cet extraordinaire artiste baroque hollandais, contemporain de Rubens, est à juste titre considéré comme le meilleur peintre de l’âme humaine qui n’ait jamais existé. Rembrandt n’est-il pas perçu comme le chef de file de l’âge d’or hollandais?» (Les Grands peintres)

«Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et d’un grand crucifix décoré seulement,
Où la prière en pleurs s’exhale des ordures,
Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement.»
(Baudelaire, Les Phares)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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